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« État des lieux » d’une jeunesse

Lors de ces premiers travaux, les 16 apprentis comédiens de la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen, dirigée par Maurice Attias, dressent un État des lieux. À voir mardi 26 et mercredi 27 février à L’Étincelle à Rouen.

La règle du jeu n’est pas simple. Pour les premiers travaux publics de la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen, Maurice Attias a demandé aux apprentis comédiens de dresser un état des lieux. Un vaste sujet à traiter en dix minutes à travers un texte révélant leur regard sur leur vie, leur situation, le monde… et une chanson. « L’engagement de soi est important dans le métier d’acteur. Il nourrit le jeu. Un comédien ne joue que lui-même. C’est après que cela devient du théâtre. Pour cela, il ne faut pas avoir peur. On a le droit aux mauvaises pensées, aux plus drôles et aux plus tendres », remarque le professeur.

Pour les élèves, se lancer dans une telle écriture a été « un gros défi », confie Adèle, 3e année. « C’est un exercice que nous n’avons jamais fait. La question a été : qu’est-ce qui nous ronge ? Pour y répondre, la meilleure solution a été de parler de nous, de puiser dans notre propre matière. Au départ, nous avons de la matière brute. Il a fallu ensuite prendre de la distance ». Ou « briser la glace » pour Adrien, 1re année. « Avec un tel sujet, nous avons tendance à être réaliste. Or, il faut faire du théâtre de cette situation réelle. C’est une véritable aide au jeu ».

Un exercice très personnel

Présenté mardi 26 et mercredi 27 février à la salle Louis-Jouvet à Rouen, État des lieux est la parole d’une jeunesse. « Chacun a une écriture différente mais nous nous retrouvons tous dans chacun des textes. C’est très émouvant parce que nous ressentons les mêmes choses », remarque Adrien. Adèle évoque la relation conflictuelle entre deux sœurs. Paul, 2e année, raconte une fin interminable d’un amour. « J’avais commencé par écrire un texte. Lors d’un exercice en classe, je me suis énervé et commencé à improviser. J’ai trouvé cela intéressant. Depuis, le texte change sans cesse. Nous avons des points de repères et nous nous donnons la possibilités d’aller dans des états plus profonds. Nous avons beaucoup travaillé sur des situations ». Quant à Adrien, il s’est penché sur les désirs et les rêves de sa génération et ceux de ses parents, tout en ayant en tête une certaine défaite de la pensée.

De cet exercice personnel, chacun en retient « une belle expérience, estime Adèle. Cela donne d’autres idées. Certains ont même écrit des pièces entières. Cela nous permet aussi d’avoir une idée du théâtre que nous avons envie de défendre ». Pour Paul, « c’est intéressant de découvrir tous ces textes, tous ces styles. Nous avons été créateur de quelque chose, de A à Z, avec bien évidemment des indications de notre professeur. On a écrit, mis en scène, choisi notre distribution et on joue. Nous avons tous la pression. D’autant que nous portons les écrits de nos camarades ».

Au théâtre, s’ajoute la chanson que les 16 apprentis comédiens ont découvert avec le professeur de formation vocale du conservatoire, Victor Pognon. Pour eux, c’était un autre travail de création. « Nous sommes partis de leurs envies. Je les ai aidés dans leur démarche, dans la mise en forme d’une organisation. C’est intéressant de travailler avec des comédiens, quand le chant est libéré, il y a un engagement immédiat ». État des lieux est une suite de 16 courts métrages, ponctués de chansons, tels 16 tableaux intimes.

Infos pratiques

  • Mardi 26 et mercredi 27 février à 19h30 à la salle Louis-Jouvet à Rouen.
  • Spectacle gratuit
  • Réservation au 02 35 98 45 05