Les pièces musicales destinées à l’exercice d’un instrument existent depuis fort longtemps. Bach en composa un grand nombre, destinées à ses enfants, ses élèves, ses amis. Les œuvres pour clavecin de Scarlatti que nous connaissons aujourd’hui sous le titre de sonates furent en réalité éditées en tant qu’essercizi.
Le développement gigantesque du piano, au début du XIXe siècle, modifia et amplifia ce phénomène. Tout le monde voulait avoir un piano, et en jouer ! Devant l’afflux de nouveaux élèves désireux d’apprendre l’instrument, avec plus ou moins d’assiduité, de nombreux compositeurs mirent sur le marché des recueils d’Études, pièces conçues pour aborder et résoudre une question de technique digitale particulière.
Cependant, à côté d’une production scolaire sans autre intérêt que celui de tyranniser les élèves en les confrontant à des difficultés stériles, certains compositeurs réussirent à joindre à la finalité pédagogique une très forte dimension de créativité artistique.
Parmi eux, en première ligne, Frédéric Chopin, qui fit de ses Études des œuvres à part entière. Ou encore Hélène de Montgeroult, première femme nommée professeur au Conservatoire de Paris en 1795, dont on redécouvre l’œuvre, d’une qualité remarquable. Elle composa plus de cent Études, ainsi qu’un Cours complet pour l’enseignement du pianoforte.