En un mélange harmonieusement mené de marionnettes de toutes tailles et de projections vidéo envoûtantes, Yngvild Aspeli pousse l’adaptation littéraire aux confins des possibles scéniques. Et la célèbre baleine blanche, monstre marin polarisant tout le récit de Melville, prend vie et corps au milieu du déferlement des éléments. Familière et douée pour les transpositions romanesques, Yngvild Aspeli a le chic pour marier les arts et la technique au service d’œuvres totales d’une grande maîtrise. C’est le cas de « Moby Dick », spectacle fiévreux qui cultive le vertige et la croisée des disciplines. Ses images impriment la rétine pour longtemps tandis que la musique en live distille son atmosphère inquiétante et l’obsession de son héros. Jamais la mer n’aura été aussi expressive au théâtre et la prophétie prend ici des allures de tragédie. Un mythe de la littérature métamorphosé en expérience spectaculaire.