Fany Corral est la directrice déléguée aux musiques actuelles au Tangram

Fany Corral évolue dans le monde des musiques électroniques depuis plusieurs années tout en faisant des détours par la radio. Elle est arrivée au Tangram à Évreux au poste de directrice déléguée des musiques actuelles. Une suite logique pour elle. Portrait.

Fany Corral vient juste d’arriver à la direction déléguée des musiques actuelles au Tangram à Évreux et a commencé son travail par… reporter des concerts. Tout l’inverse de ce pour quoi elle a été nommée. Le gouvernement a imposé des mesures restrictives et interdit les concerts debout jusqu’au 16 février. Comme le Syndicat des musiques actuelles et la FEDELIMA, Fany Corral considère les musiques actuelles comme « un bouc-émissaire. Depuis deux ans, elles sont malmenées. La scène est malmenée ». 

Tout comme l’industrie musicale en général « avec le streaming. Les rémunérations sont scandaleuses. Les artistes ne peuvent pas vivre de la musique. C’est devenu de plus en plus compliqué et problématique. Seul avantage : nous pouvons avoir accès à toutes les musiques. Les gamins écoutent tout et de tout et ont une large ouverture d’esprit. Cela forme une génération assez cultivée et friande. Nous n’avons jamais autant écouté de la musique partout et tout le temps ».

Accompagner

Fany Corral, femme pétillante, avec un accent du sud-ouest bien prononcé, est venue au Tangram pour construire dans « ce bel équipement moderne et performant » qu’est le Kubb. « C’est un bon outil de travail pour y programmer des concerts, accompagner des artistes et les accueillir en résidence ». La programmation, tout d’abord, qu’elle souhaite très éclectique. Il y a aussi le soutien aux musiciennes, musiciens et groupes. « Un artiste grandit quand il joue. Il a besoin du retour du public ». L’accompagnement se situe avec les studios dans le domaine musical, mais aussi dans la communication, la promotion, la technique et l’administratif. « Il est indispensable de comprendre tout l’écosystème ». Pour mener à bien cette mission, la directrice déléguée envisage de collaborer au sein des réseaux normands, comme le FAR et RMAN.

À ce poste de direction déléguée aux musiques actuelles, Fany Corral veut accorder une première place toute particulière à « la jeunesse. Il faut développer ce public des 18-35 ans, donc mener une réflexion sur leurs pratiques. Avec eux, on va en soirée ». Une seconde aux artistes de la région : « je souhaite qu’ils portent des initiatives. Je leur donne les clés, la scène et ils construisent une soirée. À eux de s’organiser, de chercher un public ».

Les vertus de la musique

Fany Corral croit aux bienfaits de la musique. « Nous sommes là pour faire plaisir, voir le public s’amuser, être content. Le concert est le moment que l’on s’accorde pour être bien, décrocher du quotidien ». Elle est tout aussi convaincue des vertus fédératrices de la musique. « En 1992, j’ai pris la claque de ma vie lors d’une rave. Il y avait un rapport tellement charnel et mental à la musique, des personnes qui venaient de tous les styles. Ça a été un catalyseur d’énergies, créé des liens sociaux, brassé des gens ». Avant ce moment révélateur, elle aimait « bien la musique. C’est un des premiers outils qui permet de nous identifier ». Fany Corral écoutait plus volontiers ces artistes qui se moquaient « des normes étouffantes, surtout pour les minorités, quelles qu’elles soient. Des personnes comme Beyoncé ou Jay-Z donnent des forces, ouvrent des possibles, montrent que l’on peut être fier de ce que l’on est, qu’il faut dépasser les peurs et ses complexes ».

Passée par plusieurs radios dont Nova, Fany Corral a occupé plusieurs fonctions dans le monde des musiques actuelles. Elle a programmé des soirées (au Pulp à Paris, pendant Lille 3000, aux Nuits sonores à Lyon, au centre national de la danse), dans des festivals (Masna à l’institut français à Casablanca, au Loup & Proud. Elle a également été directrice de production de l’agence KTDJS, manageuse et fondatrice du label Kill the Dj. C’est sa qualité de femme curieuse qui l’a emmenée sur tous ces chemins. « Quand on fait quelque chose, il faut avoir envie. La musique permet cela parce qu’elle se réinvente sans cesse. J’ai la curiosité de ce qui se réinvente ».