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Fishbach au Trianon : « Comme je suis une fille too much, j’en fais parfois des caisses »

photo Yann Morrison

Elle n’a pas froid aux yeux. Flora Fischbach, ou Fishbach, fonce, parle vite, se moque bien de quelques conventions et autres codes. Elle a multiplié les expériences professionnelles et musicales. Là voilà désormais dans une aventure en solitaire avec un répertoire de chansons sombres et mélancoliques qui contrastent avec des rythmes pop enjoués. Un premier album, A Ta Merci, sorti en janvier 2017, parle d’amours déçus, d’illusions perdues. C’est brut. Il ne peut y avoir d’entre-deux avec Fishbach. Elle est vendredi 24 novembre au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Gagnez vos places en écrivant à relikto.contact@gmail.com

Vous êtes née à Dieppe. Quels souvenirs avez-vous de la Normandie ?

J’ai l’impression que nous avons tous plusieurs vies. Dieppe correspond à ma vie d’enfant. J’ai vécu aux Grandes Ventes jusqu’à l’âge de 14 ans. Ces moments-là sont gravés à jamais. J’habitais près de la mer. J’étais plutôt introvertie, sportive. Je suis partie à l’entrée dans l’adolescence. C’était terrible. J’ai encore beaucoup de souvenirs de cette période.

Vous êtes ensuite partie dans les Ardennes. Comment ces deux endroits aux identités fortes vous ont marqué ?

J’ai énormément abordé le thème de la mer dans mes chansons. Quant aux Ardennes qui ont été françaises et allemandes, très industrielles, cet endroit connaît le chômage, la misère sociale. On est dans une cuvette où on ressent une espèce de froideur, une dureté. Tout cela a forcément joué sur mon parcours et mon écriture.

Comment tous ces souvenirs sont-ils revenus ?

C’était nécessaire de les écrire parce qu’ils sont précieux. Quand on est jeune, il faut s’ennuyer pour développer son imagination. Aujourd’hui, j’ai pris du recul et j’y mets des mots. J’ai beaucoup marché et vécu seule. Dans ces moments de solitude, tout ça est ressorti. La musique a été comme un exutoire. Dans les chansons, il y a une grande partie de moi, de Flora qui n’arrivait pas digérer ce passé.

Faut-il de l’audace pour écrire ?

Oui, il faut de l’audace. Je suis partie de chez mes parents très tôt. J’ai dû prendre le taureau par les cornes. Écrire des chansons, c’est d’une impudeur totale mais on se met des masques, on devient des personnages. Je n’ai pas eu peur. Au contraire, j’y suis allée à fond.

Pourquoi avez-vous choisi la musique ?

Pour moi, c’est le médium le plus complet. La musique me transcende. J’y ai trouvé mon rôle.

Pourquoi menez-vous ce projet seule ?

Parce que c’est plus simple. A un moment, j’ai dû écrire mes chansons seule dans mon lit avec le casque sur les oreilles pour ne pas réveiller ma mère la nuit. J’ai trouvé cela chouette d’être livrée à soi-même.

Dans les chansons, il y a une émotion et une voix différentes. Sont-ce plusieurs chapitres d’une histoire ?

Ce peut être ça. Au fil de l’écriture, les chansons se sont révélées comme l’errance d’une jeune femme. Je joue des personnages qui sont beaucoup inspirés des membres de ma famille et de gens que j’ai pu croiser. Et je joue de ma voix comme d’un instrument. Comme je suis une fille too much, j’en fais parfois des caisses.

 

 

  • Vendredi 24 novembre à 20h30 au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Tarifs : de 18 à 9 €.  Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 73 95 15 ou sur www.trianontransatlantique.com
  • Première partie : Daisy