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Gatica : « J’ai un amour tellement fort pour les mots  »

Alejandra Roni Gatica a fait un bon bout de chemin avec 26 Pinel et le Quartet Buccal. Depuis quelques années, elle mène son propre projet musical. Elle chante l’amour avec sa voix chaude, se promène dans les méandres des territoires intimes, évoque son pays natal, le Chili… Il y a autant de poésie que d’énergie dans son univers tout d’abord dessiné dans un EP. Un premier album suivra en 2021. En attendant, Gatica sera vendredi 4 septembre aux Concerts de l’Impossible, un festival musical de la scène nationale de Dieppe. Entretien.

Les Concerts de l’Impossible marquent, pour vous, une reprise. Est-ce que ce sera avec une joie mêlée d’une appréhension ?

J’ai même du mal à y croire. Pendant l’été, j’ai fait une tournée dans les centres de vacances. C’était dans un contexte particulier. Les Concerts de l’Impossible sont en effet une vraie reprise. Oui, ce sera avec une petite appréhension. On n’a pas joué dans un tel contexte. C’est une telle inconnue et cela va me faire bizarre de ne pas voir les visages. Mais je suis contente de retrouver les musiciennes et de repartir jouer. Je me sens chanceuse.

Vous avez une double formation. Vous êtes comédienne et musicienne. Comment l’une influence l’autre ?

C’est quasiment la même chose. J’ai commencé par une formation de comédienne même si la musique était déjà présente. Dans la chanson, au début, des personnes écrivaient pour moi. J’étais dans ce rôle de l’interprète et j’adore encore ça. J’adore m’approprier les mots des autres, relayer leurs paroles et leurs émotions, tout en y mettant de moi. Là, ce sont mes textes, mes mots, mes émotions… Je ne parle pas seulement de moi. Dans les chansons, on parle toujours de soi pour parler aux autres.

Avez-vous appréhendé la scène différemment ?

Avec le premier groupe, 26 Pinel, le côté comédienne était très présent. J’aime bien installer un décor différent à chaque chanson. Sur scène, je suis très bavarde. J’ai même plus travaillé à en dire moins que l’inverse. Au début, il y a une forme d’insouciance. C’est après que l’on prend conscience de plein de choses. Le trac est là. Heureusement, c’est de l’adrénaline. 

Est-ce que la comédienne a aidé la musicienne pour l’écriture des chansons ?

Non, au contraire. J’ai un amour tellement fort pour les mots. Quand je faisais du théâtre, j’avais un tel respect du texte que cela m’empêchait d’incarner un rôle. Je jouais plus les mots que les émotions. Pendant longtemps, j’ai eu de bons paroliers. Cela m’allait très bien. Pour moi, cela ne servait à rien d’écrire des textes moins bons. Puis, l’envie d’écrire est arrivée parce que j’avais des choses à dire. Mais mon écriture est laborieuse.

Quel a été le déclic ?

Tout ne s’est pas encore complètement débloqué. Je suis très lente à écrire. Avec 26 Pinel, j’ai écrit une ou deux chansons. J’ai osé et eu les encouragements de mon entourage. Avec mon projet solo, j’ai aussi le retour du public qui est très touché par ce que je chante. Une chanson peut commencer juste par une phrase ou une mélodie. Après, il faut tirer le fil. Pour la première fois, j’ai écrit une chanson à deux, avec Zaza Fournier. À deux, c’est différent, il faut partir d’un thème. Nous l’avons écrite en une journée. Je suis en train de finaliser la musique.

Avant un projet solo, il vous fallait des expériences collectives ?

Tout s’est fait naturellement. Quand j’ai commencé, un groupe cherchait une chanteuse pour faire des reprises. Puis le guitariste s’est mis à écrire ses propres textes. Faire les choses seule n’est pas dans ma nature. Pour moi, mener une carrière en solo n’était pas envisageable. Le travail collectif me passionne. On fait ce métier-là pour partager avec les autres. Et j’aime bien ne pas avoir ce rôle de chef. Mais, en groupe, il y a beaucoup de compromis. Au bout d’une période de mûrissement, j’ai eu envie de faire des choix, de prendre des décisions. J’ai eu un peu de mal à l’assumer mais je suis la patronne. Heureusement, il y a des patrons cool. Pour moi, l’aspect humain passe avant tout dans un groupe.

Mener son propre projet est plus grisant  ou vertigineux ?

Les deux ! Je suis fière d’avoir sorti un EP. Je n’oublie pas pour autant que j’étais à la limite du burn-out au moment de sa sortie. J’étais seule et ce fut épuisant. J’aime bien l’autoproduction pour la liberté qu’elle offre. Aujourd’hui, je suis bien entourée.

Quand sortiez-vous le premier album ?

Ce sera en 2021. Il y aura des chansons déjà jouées pendant les concerts et d’autres, en cours d’écriture. Depuis l’EP, j’ai vécu et traversé beaucoup de choses. Avec le temps, on grandit encore.

Les Concerts de l’impossible

  • Les 4 et 5 septembre à 20 heures, le 6 septembre à 11 heures sous le chapiteau des Saltimbanques de l’Impossible, parc paysager à Neuville-lès-Dieppe.
  • Tarifs : 15 €, 10 €, 33 € et 24 € pour le pass trois jours.
  • Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr

La programmation

  • Vendredi 4 septembre : Gatica, Joy, El Gato Negro
  • Samedi 5 septembre : Avinavita, Will Barber, Las Gabachas de la Cumbria
  • Dimanche 6 septembre : Pablo Elcoq