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General Elektriks au 106 : « La disparition de Bowie et de Prince m’a bien secoué »

photo Tim Deussen
photo Tim Deussen

General Elektriks n’a pas peur des fantômes. Il va même jusqu’à les dompter dans un cinquième album des plus réjouissant. Carry No Ghosts, sorti le 2 février 2018, arrive deux ans après To Be Stranger et s’impose avec ce fameux cocktail très personnel de pop-electro très groovy. Hervé Salters, tête pensante de General Elektriks s’est autant laissé influencer par la scène new-yorkaise où il a tourné que par le climat de Berlin où il vit désormais. Les genres musicaux comme les langues se mélangent dans cet album empreint de belles sensations. General Elektriks est en concert jeudi 29 mars au 106 à Rouen. Entretien avec Hervé Salters.

Est-ce que les fantômes vous font peur ?

Je ne crois pas vraiment aux fantômes. Je ne crois d’ailleurs en rien mais je pense qu’il se passe quelque chose en dehors du monde cartésien. Pour moi, les fantômes sont tour ce poids que nous portons sur les épaules et qui devient de plus en plus lourd au fil des années. Quand tout va bien, on peut éprouver cette sensation qui permet d’être à 5 cm au-dessus du sol. Il faut savoir placer les problèmes derrière soi, mettre ses fantômes au placard et se laisser émerveiller.

Est-ce que vous arrivez à vous émerveiller souvent ?

J’essaie. En tout cas, j’y travaille. Ce n’est pas toujours facile. J’ai 48 ans. C’est logique de se poser ces questions-là. Cela devient de plus en plus dur de préserver son regard d’enfant. Il est possible de développer des astuces pour rester exciter par la vie. J’ai déménagé à Berlin pour changer d’atmosphère, me retrouver face à une nouveauté.

Est-ce que la musique vous émerveille toujours autant ?

On peut aussi perdre un peu de goût pour la musique. Parce que l’on est moins attiré. Cet amour pour la musique se travaille aussi. Plutôt que de se laisser sombrer, il faut continuer à écouter de nouvelles musiques et beaucoup de musique. Il y a des choses incroyables. A chacun d’aller les chercher et de rester en éveil.

Pour ce nouvel album, qu’est-ce qui vous a mis en éveil ?

Au moment de la sortie de To Be Stranger, quelque chose s’est passé. Cet album est sorti après un break de quatre ans. J’avais envie de changer. J’ai déménagé à Berlin et je me suis donné le temps d’atterrir dans cette ville. Il y a eu comme un renouveau. J’étais très excité par ce contact avec le public. Il y a eu une communion plus générale. Nous avons vécu un moment fort, exceptionnel. Ces sensations ont lancé des idées de nouveaux morceaux. J’étais porté par un élan de générosité. En trois semaines, j’avais des embryons de titres. Je me suis dit : autant composer maintenant une nouvel album.

 

 

Est-ce pour cette raison qu’il est si dansant ?

Oui, je pense. Je suis resté sur cette émotion festive, sur un son énergique. Je voulais une vraie batterie, de vraies percussions. Je voulais aussi garder dans l’enregistrement le côté accidentel dans la façon de jouer, le côté plus organique. Si je contrôlais tout ce que j’étais en travail de faire, je me serais trompé.

Vous avez privilégié le côté instinctif de la musique ?

C’est tout un mélange. Au début du processus d’enregistrement, on est plus dans l’instinctif. Après, il faut donner du sens à tout cela, trouver les idées qui permettent de construire un tout.

Pourquoi avez-vous tenu à rendre hommage à David Bowie et Prince dans Different Blue ?

C’est un morceau qui est parti du texte. La disparition de Bowie et de Prince m’a bien secoué. Ces deux artistes m’ont accompagné. Comme beaucoup de gens. Je me sentais de le dire en tant que musicien. J’ai eu envie de leur dire merci. Ils sont tous les deux des océans alors que je ne suis qu’une goutte d’eau.

Comment les villes de New York et de Berlin vous influencent-elles ?

A New York, il y a le côté ensoleillé et métissé, le hip-hop que je ne connaissais pas bien avant d’y arriver. Là-bas, j’ai eu la chance de jouer avec des musiciens incroyables, de voir comment ils fonctionnaient, quelle approche du rythme ils avaient. Berlin, c’est différent. Cette ville a un impact, peut-être moins direct. Elle pulse avec cette techno minimale. C’est un centre important.

  • Jeudi 29 mars à 20 heures au 106 à Rouen. Tarifs : de 24 à 15 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Première partie : Evergreen