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Grèn Sémé à l’ECFM : « Le maloya reste l’âme de La Réunion »

photo Jean-Christophe Mazué

Pas de pause pour Grèn Sémé. Entre les dates de concert, le groupe venu de La Réunion, emmené par Carlo De Sacco, multiplie les séances de répétitions. Après Hors Sol, un deuxième album très remarqué sorti en novembre 2016, Grèn Sémé poursuit son exploration sonore avec, comme guide, le maloya. En toute liberté, il puise dans ce blues traditionnel pour composer des titres aussi poétiques qu’engagés. Grèn Sémé est en concert jeudi 12 octobre à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu. Entretien avec Carlo De Sacco, auteur et chanteur.

Avez-vous grandi avec le maloya ?

Je suis né, j’ai grandi à La Réunion mais je n’ai pas grandi avec le maloya. Je l’ai rencontré plus tard. C’était juste avant de partir de La Réunion pour suivre mes études. Je suis allé à un concert et c’est là que j’ai rencontré le maloya. J’en suis tombé amoureux. Pourtant le maloya avait toujours tourné autour de moi. Le fait de quitter La Réunion m’a permis de prendre conscience de ce que je perdais.

Y avait-il de la tristesse ?

J’ai surtout éprouvé de l’amour et la sensation d’être passé à côté d’une belle chose. Parce qu’il était là à côté de moi. C’est comme une fleur qui a poussé dans votre jardin. Le maloya est un joyau qui est là devant nous, une musique très ancienne. Elle vient de l’esclavage et évoque une souffrance profonde.

Quel côté retenez-vous, le profane ou le sacré ?

Je suis plus du côté profane. Chacun a son inspiration, puise où il se sent le mieux.

Est-ce que le maloya exprime seulement la douleur ?

Dans le maloya, il y a autant de joie que de douleur. Nous disons qu’il est la musique du fonn d’ker. Celle que l’on a dans le coeur. Elle vient de nos ancêtres qui l’ont composée clandestinement. Au départ, elle portait en elle beaucoup de souffrance. Avec le temps, elle s’est adoucie. Les plus jeunes s’en emparent, comme un cadeau, pour la faire évoluer. Cependant, le maloya reste l’âme de La Réunion.

Est-elle synonyme de révolte ?

Pas seulement. C’est une musique de révolte, de revendication mais elle peut aussi rassembler et être festive.

Dans vos textes, il y a beaucoup d’engagement.

Il y a en effet de l’engagement. Donner un avis, c’est prendre un risque. Mais je ne me sens pas plus engagé que le boulanger qui fabrique un pain bio. Il agit pour le monde de demain. Dans cet engagement, il y a surtout la volonté de porter des valeurs, de partager des choses qui nous touchent. C’est là que je trouve davantage mon équilibre. Je ne peux pas faire autrement. J’ai besoin d’exprimer une profondeur. Même dans un titre plus dansant. On peut danser intelligent.

 

 

  • Jeudi 12 octobre à 20 heures à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu. Tarifs : 13,10 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 36 95 80
  • Première partie : Loya
  • Pour gagner vos places, envoyer un message à relikto.contact@gmail.com