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Gustavo Giacosa franchit les portes du monde surnaturel de Nannetti

Gustavo Giacosa récite un poème fantastique sur les notes du piano de Fausto Ferraiuolo. Nannetti, le colonel Astral est présenté vendredi 15 et samedi 16 novembre à L’Étincelle à Rouen avec le festival Art et Déchirure.

Une œuvre de 70 mètres de long

Pendant neuf ans, Fernando Oreste Nannetti (1927-1994) a écrit chaque jour alors qu’il était un patient de l’hôpital psychiatrique de Volterra, en Toscane en Italie. Pas un mot sur du papier mais sur les façades de l’établissement. Lors de chaque promenade quotidienne, Nannetti, diagnostiqué schizophrène à l’âge de 29 ans, préfère la solitude et graver sur les murs à l’aide de la pointe métallique de la boucle de son gilet l’histoire d’une famille inventée, d’origine royale ou religieuse. Il retranscrit les échanges qu’il peut avoir des créatures étranges. Dans cette longue épopée, Nannetti est le colonel Astral. C’est un monde surnaturel qui est dépeint sur 70 mètres de long. 

Un véritable livre à ciel ouvert. « Il y a là un côté visuel que l’on ne voit pas tout de suite. On est face à une écriture étrusque, cunéiforme. C’est très beau. À travers cette écriture, on imagine cet homme qui cherche à grimper un mur pour sortir de son enfermement ou une plante grimpante qui cherche la lumière. Il y a là une rébellion contre l’isolement, une recherche de liberté ». Gustavo Giacosa a également été très touché par la musicalité de l’écriture de Nannetti qui « invente des néologismes et des allitérations sonores. Il y a des envolées rythmiques. Tout cela rappelle la poésie des futuristes ».

Un portrait d’un artiste

À partir de cette grande fresque, Gustavo Giacosa a écrit un poème musical, récité en italien et accompagné des notes jazzy du pianiste Fausto Ferraiuolo. « J’ai une grande pudeur à incarner la folie. Au théâtre, on peut tout faire. Ce spectacle est un défi. Je côtoie depuis des années des personnes en situation de souffrance psychique. Même si je connais les codes de cet univers, il m’a fallu du temps pour trouver une clé, un rapport au rythme du mot et non un rapport à la psychologie ».

Sur scène, Gustavo Giacosa est tel un performeur. Ce sera jeudi 14 et vendredi 15 à L’Étincelle à Rouen dans le cadre du festival Art et Déchirure. Depuis 2016, il donne chair à ce texte tout en s’autorisant à trahir une écriture. « J’ai intégré ma parole. Je considère qu’une création, c’est aller au-delà. Je ne voulais une recréation de la vie de Nannetti ». Gustavo Giacosa regarde cette œuvre du colonel Astral qui l’emmène dans « un état particulier », dans une danse, voire dans une transe.

Infos pratiques

  • Vendredi 15 et samedi 16 novembre à 20 heures à la chapelle Saint-Louis à Rouen.
  • Tarifs : de 16 à 3 €.
  • Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.letincelle-rouen.fr
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 15 novembre