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Hélène Schmitt : « Jouer une partition est un rêve qui nous est offert »

Ce sera du Nectar avec quelques Rêveries et ivresses autour du violon seul. Tel est le titre du concert d’Hélène Schmitt qui revient mardi 25 août au festival de musique ancienne. Elle interprète en l’église d’Arques-la-Bataille des œuvres de Telemann, Baltzar, Bach, Kreisler et deux partitions de Florentine Mulsant qui lui sont dédiées. Entretien avec la violoniste.

Quelles sont ces rêveries que procure la musique ?

Il y a toujours des rêveries autour de la musique. C’est moins ordinaire avec le violon seul qui est rarement un instrument accompagnateur. Le piano est le grand accompagnateur dès le XVIIe siècle. Avec l’évolution de l’instrument et de la technique, le violon est devenu capable de s’accompagner lui-même, de suggérer une harmonie. Cela lui donne une couleur particulière et fait rêver. Ce concert est comme un grand nectar, un grand vin qui procure des rêveries et des ivresses.

Vous êtes une fidèle du festival de musique ancienne à Arques-la-Bataille.

C’est un festival m’a reçue un nombre incalculable de fois. C’est important de continuer à montrer à une musicienne une confiance. C’est important aussi de jouer là-bas. C’est comme un festival ami. On a envie de montrer que l’on a évolué et d’élargir son éventail. Ma vie de musicienne m’a conduit à me concentrer sur un répertoire baroque pendant vingt ans. Je l’ai quitté pour honorer la musique contemporaine que j’aime. Un artiste a le droit d’aller vers ce qui lui plaît, l’anime vraiment. Pour ce concert, je fais la part belle à la musique baroque.

Vous vous êtes beaucoup intéressée à le musique germanique et italienne.

Cela a duré très longtemps. Maintenant, je joue davantage de la musique française. Les musiques germaniques et italienne me restent chères mais je suis une femme du XXIe siècle et je me sens prête à aborder d’autres répertoires. C’est le cas aujourd’hui.

Que voulez-vous dire par « prête » ?

Je me sens prête techniquement. Il y a tout d’abord la technique du violon. Quand on joue du Bach, on s’investit sur un instrument avec un archet spécial, dans une esthétique particulière du son et une technique particulière. Brahms n’écrit pas de la même manière que Bach. Le première va davantage dans les tessitures du violon alors que le second écrit avec le langage de l’époque. Prokofiev écrit lui aussi avec une autre exigence, celle de son temps. Un instrumentiste doit être capable de rendre au mieux l’exigence de chaque époque. Avec le violon, il faut utiliser plus ou moins de vibrato, aller plus ou moins dans l’aigu…Cela se fait sur plusieurs années. Comme un comédien.

Lors de ce concert, vous jouez deux pièces que Florentine Mulsant a écrite pour vous. 

Nous nous connaissons depuis longtemps. Nous nous sommes rencontrées au pensionnat. Puis nous nous sommes perdues de vue avant de nous retrouver. Elle a en effet composé deux œuvres pour moi. Elle sait la violoniste que je suis. Elle a écrit en pensant et en soulignant le fait que je suis plongée dans les musiques germaniques et italiennes. Ce ne sont pas des pastiches de la musique du XVIIIe siècle mais elle a utilisé des veines anciennes. Pour les créer, nous avons travaillé ensemble. Quelle que soit l’œuvre, il faut s’approcher de ce qu’a pu vouloir la compositrice. Ce fut en fait une chance de travailler avec une autrice vivante. Jouer une partition est  un rêve qui nous est offert et dans lequel on essaie d’entrer. Après, on s’en approprie. Puis, avec le temps, l’œuvre devient œuvre.

Infos pratiques

  • Mardi 25 août à 20 heures en l’église d’Arques-la-Bataille
  • Tarifs : de 20 à 10 €, gratuit pour les moins de 18 ans
  • Réservation au 02 35 04 21 03 ou sur www.academie-bach.fr
  • Port du masque obligatoire pour l’entrée dans l’église
  • Photo : Hélène Schmitt © Robin Davies

Le programme du festival de musique ancienne

  • Lundi 24 août : La Flor en paradis par Tasto Solo avec Ann-Kathryn Olsen, David Mayoral et Guillermo Pérez