Hélios Azoulay signe « Juste avant d’éteindre »

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Hélios Azoulay dédicace son nouveau roman, Juste avant d’éteindre, mardi 9 novembre à la librairie L’Armitière à Rouen.

Depuis plusieurs années, Hélios Azoulay sort de l’oubli des partitions écrites par des compositeurs alors qu’ils se trouvaient dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans son nouveau roman, Juste avant d’éteindre, son personnage, lui aussi déporté, ne peut plus composer. « Je ne parle plus. Je ne compose plus. Ce temps n’existe plus. Ces allers-retours de l’oreille au papier, du papier à l’oreille, du papier au piano, du piano au pianiste, c’est un temps de rassasié ».

Dans ce livre, cet homme juif a une soif de vivre. Il ne lui reste plus que l’écriture pour raconter encore cet élan. Il jette là ses dernières forces. Pourtant, dès le départ, il n’a plus rien. Plus d’intimité. Plus de vêtements. Plus de partitions après le vol du contenu de sa maigre valise. Il n’y a cependant que de la vie dans cette histoire tragique. C’est là toute la force de l’écriture d’Hélios Azoulay, clarinettiste et compositeur, qui fait entendre les bruits et le silence, ressentir l’humidité de l’air, la lourdeur de la boue, la faim et la peur. Il y a aussi cette course folle que l’on devine dans ces pages avec des bouts de phrases séparées par des espaces plus ou moins longs.

Un roman personnel

L’homme de Juste avant d’éteindre se retrouve sur un quai de gare. Il raconte avec tristesse l’entrée de toutes ces personnes hagardes et avec ironie le grotesque des situations, notamment pendant la visite médicale. « ... je priais pour qu’un de mes camarades n’en ait qu’une. Parce que tatillons comme sont les nazis, il suffirait d’une couille en moins dans leur addition pour faire vaciller leur conception du monde, et toute leur philosophie ancestralement binaire, qui n’a jamais su compter que jusqu’à deux ».

Puis, cet homme parvient à s’enfuir à travers la forêt et se réfugier chez une femme, « une vieille tarée », avec son chien, Isolde, « un gros beefsteak dégoulinant d’amour » qui « ne mord que les juifs. Il ne se trompe jamais ». Cette fois, oui. Chez cette dame, il y a « une overdose d’aquarelle. Des conneries. De la Bavière en veux-tu, en voilà ». Des tableaux peints par son petit-fils, A. Hitler. C’est la course à nouveau jusqu’à une nouvelle arrestation. Alors se mêlent dans le désordre des souvenirs.

Avec un style toujours aussi fulgurant et une poésie lumineuse, Hélios Azoulay écrit « ce qui déborde ». Tel un musicien en train d’improviser. Alors le fond et la forme, le présent et le passé ne peuvent être que liés pour se mettre au service d’un roman très personnel et être au plus profond des tourments intérieurs.

Infos pratiques

  • Juste avant d’éteindre, Hélios Azoulay, Éditions du Rocher, 132 pages
  • Rencontre mardi 9 novembre à 18 heures à la librairie Armitière à Rouen