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« Ikuemän » pour retrouver un souffle de vie

Avec Ikuemän, la compagnie du Chaos, porté par Rafael de Paula, évoque l’exil, le déracinement. Elle crée cette pièce, entre cirque et danse, jeudi 3 et vendredi 4 octobre au cirque-théâtre à Elbeuf.

Ikuemän n’est pas une pièce autobiographique. Rafael de Paula y raconte néanmoins une partie de sa vie et des sentiments éprouvés lors de deux départs, l’un choisi, l’autre, pas. Le circassien a dû quitter son pays natal, le Brésil, pour les États-Unis alors qu’il avait 17 ans. « Dans les années 1990, même si la dictature militaire était terminée depuis 1984, le Brésil a souffert de plusieurs crises violentes à cause de l’accroissement de la violence. Un jour, mes parents ont subi un braquage armé et ma mère a fait une crise d’angoisse. Nous sommes tous partis. Ce fut une blessure très forte. J’étais adolescent, une période difficile durant laquelle on perd ses repères. Plus tard, quand nous sommes revenus, je me suis senti comme un étranger au Brésil. Depuis, je ne suis chez moi nulle part. Avec le temps, j’ai réussi à transformer cela en quelque chose de positif ». 

Un départ, il y en a eu un autre. Mais celui-ci a été réfléchi. Rafael de Paula est venu en France pour ses études au centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne. « Cette fois, cela a été moins violent ». Il est resté un nomade avec sa compagnie du Chaos. « Cela fait partie du métier. J’accepte ces conditions. Je me sens moins bien maintenant quand je ne bouge pas ». Rafael de Paula a vite fait un lien entre son histoire et celle des migrants. « Les déplacements sont intrinsèques à l’être humain. Je me suis toujours demandé ce qui poussait une personne à quitter, son village ou sa ville ou son territoire. Pour beaucoup, cela n’est pas leur volonté. Il y a les guerres et les catastrophes climatiques ».

Du cirque et de la danse

Ikuemän signifie marcher dans la langue des Kayapos. Rafael de Paula n’a pas voulu écrire un pamphlet politique avec cette création, présentée les 3 et 4 octobre, mais décrire des sentiments. « Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Et nous faisons en sorte d’offrir à nos proches des moments heureux, de les mettre en sécurité. Pour cela, nous sommes prêts à franchir des mers. Je suis en empathie avec ces personnes qui vivent l’exil ». Des hauts et des bas, à l’image des chutes et des envolées aux mâts chinois.

Dans Ikuemän, Rafael de Paula, entouré de quatre interprètes, Harold de Bourran, Béa Debrabant, Ward Mortier et Joana Nicioli, forment un cercle avec 5 mâts. Ils sont là comme des survivants d’une civilisation effondrée pour rejouer un rituel. La danse se mêle aux gestes acrobatiques pour retrouver un nouveau souffle vital.

Infos pratiques

  • Jeudi 3 octobre à 19h30, vendredi 4 octobre à 20h30 au cirque-théâtre à Elbeuf.
  • Spectacle tout public à partir de 8 ans
  • Tarifs : 17 €, 13 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 32 13 10 50 ou sur www.cirquetheatre-elbeuf.com