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Imposer le silence pour mieux manipuler

Il reste deux jours pour découvrir les films projetés lors du festival À L’Est. Un cinéma aux écritures audacieuses qui évoquent les drames et les espoirs des pays de l’Europe centrale et orientale et de l’Amérique du Sud. Le réalisateur tchèque, Michal Hogenauer, est venu présenter son premier film, Un Certain Silence, un long métrage inscrit dans la sélection compétitive.

Il fait partie d’une jeune génération de réalisateurs très prometteurs en République tchèque. Michal Hogenauer qui a fait des études de graphisme a choisi le cinéma pour travailler l’image, le son et aussi pour raconter des histoires. Quel genre ? Il répond sans hésitation : sa préférence est toujours allée vers un style minimaliste. En toute logique, l’artiste se réfère à Michael Haneke. Le cinéma de Michal Hogenauer mêle le drame, la lenteur, la contemplation, le silence…

Le silence, il adore ça. « Il y a beaucoup trop de bruit autour de nous. Il peut y avoir aussi beaucoup de bruit dans ma tête. Je vais alors rechercher le silence quand je marche, quand je vais en forêt ou vers l’océan. Au cinéma, les films commerciaux sont trop bruyants et ne permettent pas aux spectateurs de laisser libre cours à leur imagination ».

Un Certain Silence, c’est le titre de son premier long métrage, présenté dans la compétition du festival du cinéma À L’Est à Rouen. Une jeune fille au pair arrive dans le nord de l’Europe dans une famille bourgeoise. L’ambiance est glaciale dans cette grande maison cossue. Premier fait étrange : le père et la mère décident de changer le prénom de l’étudiante tchèque. Micha s’appellera désormais Mia. Pas question non plus de commencer à manger sans le top départ du père. Les événements inquiétants ne vont cesser de s’enchaîner. Mia prendra conscience des crimes et des manipulations lors de son interrogatoire par la police.

Des faits réels

Pour écrire Un Certain Silence, Michal Hogenauer s’est inspiré de faits réels qui se sont produits dans les années 1970 aux États-Unis. Il aborde avec un regard franc et direct la dérive des sectes et aussi toutes les manipulations subies « à différents niveaux. Elles sont là dans la sphère privée mais aussi au niveau politique, économique, sociale. On subit des manipulations tous les jours. Cela pose la question de la liberté. Sommes-nous vraiment libres pour faire des choix ? »

Le silence prend là plusieurs sens. C’est tout d’abord celui qui règne au sein de la famille. Et il est très pesant. Michal Hogenauer devient le témoin du phénomène sectaire et de ses stratégies perverses développées dans l’ombre. Il fait dire au père : « la famille n’est pas une démocratie ». Le silence, c’est aussi celui de la société puisqu’aucune personne ne va apparaître, sauf lors de célébrations quasi-religieuse. 

Un Certain Silence est presque un huis clos haletant, un thriller psychologique, aux couleurs grisâtres, avec des comédiens et comédiennes très justes. 

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