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José Montalvo : « il va falloir apprendre à décloisonner »

photo Patrick Berger
photo Patrick Berger
photo Patrick Berger

Y Olé !, c’est une expression lancée à une personne qui vient de se dépasser. Les 16 interprètes de José Montalvo donnent le meilleur d’eux-mêmes dans ce diptyque, constitué du Sacre du Printemps de Stravinsky et des standards espagnols et français des années 1960. Deux parties et un spectacle joyeux, généreux dans lequel le chorégraphe marie avec une grande liberté diverses danses et évoque son enfance. Y Olé ! est présenté les 15 et 16 novembre au Volcan au Havre, les 20 et 22 novembre à l’Opéra de Rouen Normandie, le 3 mars à l’espace Philippe-Auguste à Vernon.

 

Revisiter Le Sacre du printemps, est-ce incontournable pour tout chorégraphe ?

Un très grand nombre de chorégraphes se sont en effet confrontés à cette œuvre. Certains sont même entrés dans l’histoire. Il y a eu de grands Sacre. Comme ceux de Béjart, de Pina Bausch. Il était temps de me confronter à cette pièce mythique et j’ai voulu en faire une version en y mettant une part de mon enfance. C’est une version mariant le flamenco, le hip-hop, la danse contemporaine. La danse, c’est un art du mélange. J’espère que ce spectacle est une fête.

 

Quelles sont les difficultés à chorégraphier Le Sacre du Printemps ?

D’un point de vue rythmique, c’est une œuvre d’une extrême complexité. Le rythme change tout le temps. Pour chaque chorégraphe, Le Sacre est un défi. On peut utiliser la structure musicale ou la détourner, avec ironie. C’est ce que nous avons essayé de faire.

 

Vous évoquez la fête. Or, Le Sacre est une tragédie.

L’esthétique métissée crée une cohérence. Pour cette création, mon premier défi a été de mélanger les pratiques corporelles. J’ai alors retourné le mythe. J’ai imaginé une femme qui cherche l’homme avec lequel elle va s’unir. C’est donc une élue heureuse qui en demande encore. Il y a ainsi un plaisir de l’instinct et une plus grande légèreté.

 

 

 

Pourquoi avez-vous ajouté une deuxième partie ?

J’avais en tête de mettre à côté de cette œuvre majeure des pièces mineures. Y Olé ! est un collage. C’est comme si on mettait un tableau de Picasso près d’une toile d’un peintre du dimanche. J’aime cette idée d’hétérogénéité. C’est proche de moi. Mon père aimait les arts majeurs, Picasso, Rubbens. Ma mère était danseuse de flamenco. J’ai été confronté à ces deux formes, ces deux façons de voir le monde. Je pense que nous portons en chacun de nous cette complexité, cette hétérogénéité.

 

C’est une des caractéristiques de vos créations.

Je crois, oui. J’ai en tête une belle phrase d’Edgar Morin : le décloisonnement des savoirs, c’est l’avenir. Maintenant, il va falloir apprendre à décloisonner. Pour les esthétiques corporelles, cela ouvre des champs, des imaginaires. Il faut alors inventer avec une mémoire. Cela constitue la richesse, la part lumineuse de notre humanité. A un moment donné de l’histoire de la danse, on excluait. J’ai essayé d’inclure pour ouvrir des espaces.

 

Dans la deuxième partie du spectacle, vous revenez à votre enfance. Est-ce que cela a été simple pour vous ?

C’est difficile de prendre du recul. En fait, cela a été plus simple de travailler sur Le Sacre du Printemps que sur des airs populaires. Mes parents sont des réfugiés qui ont fui l’Espagne de Franco. Ils se sont installés dans le sud-ouest de la France. Lors de la fête des vendanges, tous se rassemblaient. Même s’il y avait quelque chose de douloureux, chacun se transcendait et mettait en lumière sa part joyeuse. Cette deuxième partie contient des airs que j’ai entendus lorsque j’étais enfant. Y Olé !, c’est deux fêtes, l’une majeure, l’autre mineure.

 

  • Spectacle tout public à partir de 9 ans
  • Mardi 15 novembre à 20h30, mercredi 16 novembre à 19h30 au Volcan au Havre. Tarifs : 33 €, 9 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com
  • Dimanche 20 novembre à 16 heures, mardi 22 novembre à 20 heures au Théâtre des Arts à Rouen. Tarifs : de 32 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
  • Vendredi 3 mars à 20h30 à l’espace Philippe-Auguste à Vernon. Tarifs : de 25 à 10 €. Réservation au 02 32 78 85 25 ou sur www.scene-nationale-evreux-louviers.fr