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Kaz Hawkins : « Je ressens toujours l’esprit d’Etta James »

La vie n’a pas toujours souri à Kaz Hawkins. La chanteuse irlandaise a traversé plusieurs tempêtes. Elle a trouvé le soleil grâce à la musique et s’est promenée dans le blues, le gospel, le jazz… et aussi dans le répertoire de Etta James. Une chanteuse qui l’a accompagnée et guidée. Memories of Etta est né après une carte blanche au festival Cognac Blues Passions. Kaz Hawkins, à la voix puissante, sera jeudi 5 mars à La Traverse à Cléon. Entretien

Que ressentez-vous lorsque vous écoutez Etta James ?

Je m’identifie à la voix d’Etta parce qu’il y a de l’honnêteté et de la vérité dans tout ce qu’elle chante. C’est simple mais tellement puissant. Dans une chanson, Etta raconte une histoire de telle manière que vous ne pouvez que vous sentir avec elle. Je pense que ma voix ne serait pas celle-ci si je ne l’avais pas écoutée pendant toute ma vie. Je peux sentir de la douleur si elle chante des cœurs brisés. Et je me sens plus épanouie si elle se montre forte.

Sont-ce les mêmes sentiments lorsque vous interprétez les chansons d’Etta James ?

Oui, ce sont les mêmes. J’essaie toujours d’honorer sa mémoire en me remémorant la première fois que je l’ai entendue chanter. Je me souviens de ma tristesse en entendant At Last et je me souviens aussi avoir dansé sur Tell Mama ou Miss Pitifull. C’est la meilleure façon de lui rendre hommage en revivant mes propres émotions.

Quelle est la première chanson d’Etta James que vous avez entendue ?

Je m’en souviens très bien et je reste touchée par ce moment singulier. J’avais 12 ans. Ma grand-mère est venue me chercher à l’école pour m’accompagner à une audition à un concours. J’y ai chanté un titre de Doris Day, intitulé Once I had a secret love, une chanson très pure et innocente. Le directeur musical qui jouait du piano a demandé à ma grand-mère de me faire écouter Etta James parce qu’il avait entendu quelque chose dans ma voix. Ma grand-mère m’a alors acheté une vieille cassette. La première chanson que j’ai entendue est une reprise de W.C. Handy, St Louis Blues, écrite en 1914. Je n’oublierai jamais ce moment. J’ai ressenti une joyeuse douleur dans sa voix et vu mes poils se lever sur mes bras. C’est à cet instant que je suis tombée amoureuse d’Etta James. J’ai intégré ma propre version de cette chanson dans le concert et nous lui avons donné une atmosphère de fête de la Nouvelle-Orléans. Ce qui est amusant à faire sur scène.

Comment Etta James a influencé votre manière de chanter et d’écrire ?

C’est surtout ma voix qu’elle a influencée. En grandissant, j’ai accru ma puissance vocale avec des chansons, telles que I’d Rather Go Blind, écrites par Ellington Jordan. Mon spectacle est également un hommage à des auteurs et compositeurs qui ont écrit ces grandes chansons qu’Etta a chantées. On n’écrit plus comme cela aujourd’hui et c’est dommage car ces chansons font partie des plus emblématiques. C’était une époque, une ère dorée avec les plus grandes collaborations entre artistes. Ces chansons sont intemporelles. Par exemple, At Last, a été écrite en 1941 par Mack Gordon et Harry Warren pour une comédie musicale. Puis The Glenn Miller Orchestra l’a hissé en haut des classements. Puis dans les années 1960, Riley Hampton s’est penché sur la mélodie et l’a réarrangée pour Etta James.

Comment les  chansons d’Etta James vous guide encore aujourd’hui ?

Je ressens toujours l’esprit d’Etta James. Elle était une présence puissante et avait un côté drôle. Comme moi. Je suis irlandaise. Et, en Irlande, nous aimons plaisanter et nous amuser. Je pense que les performances drôles d’Etta que j’ai vues au fil des ans m’ont appris à prendre du recul. J’aurais aimé la voir chanter en live, mais malheureusement je ne l’ai jamais vue.

Pourquoi avez-vous souhaité lui rendre hommage aujourd’hui ?

J’ai toujours chanté des titres d’Etta dans des mariages quand j’étais plus jeune. J’ai continué par la suite. C’est après avoir joué au festival Cognac Blues Passions en 2018 que Michel Rolland a dit à mon manager qu’il souhaitait m’inviter à revenir avec un autre répertoire et me donner une carte blanche. Je n’ai pas eu besoin de réfléchir à deux fois. Ce devait être un concert pour se souvenir d’Etta James. Ce devait être un spectacle unique. Le public a été si enthousiaste que je suis désormais en tournée pendant l’année 2020 avec ce répertoire. Et ce, grâce à Cognac Blues Passions.

Comment vous êtes-vous appropriée le répertoire d’Etta James ?

J’ai imaginé ce concert comme un voyage en musique autour de la vie d’Etta James. Je veux que le public comprenne en 90 minutes à quel point Etta a marqué l’histoire de la musique. J’ai choisi les chansons qui m’ont le plus touchée, qui ont un lien avec mes souvenirs heureux dans la musique. Il y a aussi celles qui me donnent envie de sauter de mon siège et de danser et les chansons qui me font pleurer. Je pleure encore sur scène aujourd’hui en chantant I’d Rather Go Blind. Il nous arrive parfois d’oublier nos propres souvenirs. Entendre ces chansons si emblématiques leur permettent de refaire surface. C’est de cela dont parle Memories of Etta. Je veux que nous rendions tous hommage à la musique, aux souvenirs, aux histoires et bien sûr à la contribution d’Etta James à la musique soul.

Infos pratiques

  • Jeudi 5 mars à 20h30 à La Traverse à Cléon.
  • Première partie : Alexis Evans
  • Tarifs : de 20 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 81 25 25 ou sur www.latraverse.org