La langue comme un territoire de l’intime

photo : Dan Ramaën

Maloya est une cartographie de l’intime. Dans ce seul en scène, Sergio Grondin de la compagnie Karanbolaz évoque l’héritage culturel de chacun et chacune qui est bousculé au fil des années traversées. Il sera mardi 16 novembre au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray.

Quand Sergio Grondin a pris son fils dans ses bras juste après sa naissance, il lui a parlé en français pour lui souhaiter la bienvenue dans ce monde. « Cela a bousculé pas mal de choses ». Pourquoi en français et pas en créole, la langue qu’il parle avec sa famille et ses amis ? Comme si cette phrase prononcée venait lui signifier la disparition future de cette langue. Le comédien réunionnais s’est beaucoup interrogé et en a écrit un spectacle Maloya qu’il joue mardi 16 novembre au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. 

Avec sa compagnie Karanbolaz, Sergio Grondin mène un travail documentaire depuis de longue date. Alors, il collecte des témoignages, des expériences de vie. « Comme à la recherche d’une espèce de vérité ». Il est reparti pour questionner ce rapport à la langue, sur l’identité réunionnaise, sur le Maloya, une musique, un chant et une danse de l’île de la Réunion qui a une longue histoire.

« C’est un miracle fragile« 

Avec Sergio Grondin et David Gauchard, deux artistes complices, Maloya devient un parcours intime et universel dans la langue. Le comédien s’interroge sur ce qui fait identité. « Tout est centré autour de nous. C’est un poids que l’on nous assène et cela fait bien longtemps que je doute de cela. Est-on créole parce que l’on est né à la Réunion ? Est-ce qu’un Breton ou un Basque qui vient vivre à la Réunion ne peut pas se sentir créole ? Est-ce qu’un enfant qui passe d’une langue à une autre est coupé de sa culture ? On le voyait venir ce repli identitaire mais nous ne pouvons pas nous enfermer ».

Accompagné par un musicien, Kwalud, Sergio Grondin est un conteur, prend la parole librement, parle des langues, pointe les a priori, bouscule les certitudes. « Les différences nous rendent plus forts. Le monde est créole mais il ne le sait pas. Interrogeons-nous sur les cultures. Et cela n’a rien à voir avec un certain totalitarisme. À la Réunion, nous savons ce qu’est vivre ensemble. Nous sommes sur 2 512 km2. C’est un miracle fragile. Nous devons habiter ensemble ». Maloya tisse des liens entre passé et avenir, traditions et modernité et dessine un territoire de l’intime et universel.

Infos pratiques

  • Mardi 16 novembre à 20h30 au Rive gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray
  • Durée : 1 heure
  • Tarifs : de 18 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr
  • photo : Dan Ramaen