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La photographie et la révolution numérique au Frac

Le Frac Normandie Rouen met La Photographie à l’épreuve de l’abstraction. C’est un sujet abordé de cette manière pour la première fois en France et le titre d’une nouvelle exposition présentée jusqu’au 6 décembre dans le cadre de Normandie Impressionniste.

Le thème est si majeur dans le domaine des arts visuels qu’il se décline dans trois lieux en France, Micro Onde – centre d’art de l’Onde, le centre photographique d’Île-de-France et le Frac Normandie Rouen. « Un projet ambitieux, selon Véronique Souben. C’est un point qui n’a jamais été traité en France et très peu en Europe. Les grands spécialistes en France n’ont jusqu’alors jamais écrit ». Voilà La photographie à l’épreuve de l’abstraction

Un parallèle à étudier après l’évolution des nouvelles technologies, les changements de supports et les multiples démarches des artistes au fil du temps. « La photographie abstraite arrive pratiquement au même moment que la peinture. Vers 1910. Elle est déjà utilisée dans le domaine de la science quand on s’intéresse à l’infiniment grand ou l’infiniment petit. C’est une manière d’abstraire la réalité. Dans les années 1950 et 1960, elle s’est académisée. Le passage au numérique s’est imposé et nous invite à nous interroger sur cette matière photographique », explique la directrice du Frac Normandie Rouen.

«  Une photo est toujours une empreinte de la réalité « 

Dans le cadre de Normandie Impressionniste, l’exposition revient à « l’archéologie de la photographie » et remonte le fil jusqu’au désir de l’abstraction. Les artistes questionnent la lumière, le support, la manière dont l’image apparaît. Il y a des jeux de couleurs, de clair-obscur… Il arrive aussi que les âmes apparaissent… Certains provoquent des accidents lors de leur travail pour se retrouver entre figuration et abstraction, entre représentation et disparition. La figure du prisme est « rejouée non pas pour éclater la réalité mais pour exploiter le pouvoir de la matière lumineuse ». Avec Collision, Barbara Kasten, influencée par le Bauhaus, comme beaucoup, crée « des formes qui interagissent par transparence, par reflet ».

Un autre langage va ensuite s’imposer avec les nouveaux outils, les programmes informatiques, les scanners, les imprimantes… Est-ce encore de la photographie ? Wade Guyton avec la reproduction de son parquet abîmé n’hésite pas à parler de painting. Stan Douglas bascule dans le virtuel. Thomas Ruff a pioché dans un vieux manuel scientifique pour créer Zycles. « Ici, on quitte le réel pour interroger le virtuel. L’image bascule dans le diagramme, un élément important de l’abstraction ».

L’exposition du Frac Normandie Rouen réunit des figures importantes, comme James Welling et Paul Graham, et une jeune génération en quête d’abstraction. Elle traverse plusieurs décennies pour révéler la richesse de la photographie et nourrir ce dialogue entre figuration et abstraction. Une « abstraction concrète », comme la qualifie Véronique Souben puisque « une photo est toujours une empreinte de la lumière, de la réalité ».

Infos pratiques

  • Jusqu’au 6 décembre, tous les jours, du mercredi au dimanche, de 13h30 à 18h30, au Frac Normandie Rouen, 3, place des Martyrs-de-la-Résistance à Sotteville-lès-Rouen.
  • Entrée libre et gratuite
  • Renseignements au 02 35 72 27 51 ou sur www.fracnormandierouen.fr