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La rivière comme témoin d’une histoire

13 photographes portent leur regard singulier sur la rivière, espace très symbolique en Chine. L’exposition Les Flots écoulés ne reviennent pas à la source est à découvrir jusqu’au 29 novembre à l’abbaye de Jumièges pendant Normandie impressionniste.

C’est un thème récurrent dans l’art pictural chinois. La rivière reste un motif d’inspiration pour les photographes chinois ou ceux venus travailler en Chine. Victoria Jonathan et Bérénice Angremy, fondatrices de l’agence culturelles franco-chinoise Doors, ont réuni treize d’entre eux au logis abbatial à l’abbaye de Jumièges lors de cette exposition intitulée Les flots ne reviennent pas à la source

Un titre qui est un extrait écrit par un poète du VIIIe siècle, Li Bai, pour rappeler l’impossibilité de se baigner deux fois dans la même eau, la frontière tenue entre le passé et le futur. Ce vers est aussi une métaphore de la récente histoire de la Chine, entrée dans l’ère de l’urbanisation, de la modernisation et de l’industrialisation.

Une nature envahie

L’étonnant Pays des Merveilles n°1 de Yang Yongliang est certainement l’œuvre qui reflète au mieux la transformation de la Chine dans cette exposition. Au premier regard, l’artiste de Shanghai donne à voir un vaste paysage montagneux dans le brouillard, sans présence humaine, avec à ses pieds, une eau paisible. De plus près, c’est une ville en construction qui se dévoile. Les montagnes sont couvertes d’immenses tours en construction et les arbres se transforment en hautes grues de chantier ou des pylônes supportant des câbles électriques. Quant à l’eau, elle prête à submerger tout l’espace. Et la brume ? Elle est une épaisse couche de pollution.

Yang Yongliang est un photographe qui compose comme un peintre. Il observe une nature envahie et asphyxiée et s’interroge sur une soif de modernisation, une urbanisation galopante causant des problèmes environnementaux et sociaux. Un monde a priori rêvé et serein peut cacher un paysage dévasté.

Dans cette exposition, les artistes attribuent à la rivière ce rôle de témoin de la traversée de ces dernières années puisque les traces de l’industrialisation effrénée sont multiples. D’autres la célèbrent et n’oublient ce lieu de contemplation, empreint de mythes et de poésie. La puissance évocatrice de l’eau est intacte et nourrit un imaginaire.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 29 novembre, tous les jours de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures à l’abbaye de Jumièges.
  • Tarifs : 7,50 €, 5,50 €.
  • Renseignements au 02 35 37 24 02 ou sur www.abbayedejumieges.fr