Le cirque fait sa pub sur les estampes

La quatrième exposition du Temps des collections, Cirque et saltimbanques, réunit une partie du fonds d’estampes japonaises des périodes Edo et Meiji de Jeanne-Yvonne et Gérard Borg. À voir jusqu’au 17 mai aux musées Beauvoisine à Rouen.

Il y avait des « choses à voir » au Japon sous l’ère Edo, cette période pendant laquelle le Japon s’est isolé. Ces « misemono » se déroulaient alors dans divers espaces. Les artistes évoluaient sur les échelles, les trapèzes, les fils et les mâts, avec les toupies, les cordes, les cerceaux et les éventails C’est toute une culture du cirque traditionnel qui se développe dans le pays. Pour annoncer les représentations, les circassiens avaient recours aux estampes qui n’avaient pas encore le statut d’objet d’art mais de publicité ou de flyer.

Les musées Beauvoisine à Rouen présentent jusqu’au 17 mai une partie du riche fonds de Jeanne-Yvonne et Gérard Borg dans Cirque et Japon, estampes des périodes Edo et Meiji, une des quatre expositions qui constituent ce 9e Temps des collections. Ce sont des pièces d’une grande qualité d’impression, avec des couleurs éclatantes, qui montrent les prouesses des artistes de cirque dans une nature luxuriante, entre les cerisiers en fleurs et les rivières.

© collection Y.L. et G. Borg

Dans cette série d’estampes, un artiste tient une place particulière. « Hayatake Torakichi fut très renommé pour ses numéros d’antipodiste. Il a même pu aller aux États-Unis. Il a été représenté par les grands maîtres des estampes japonaises », indique Mathilde Schneider, directrice des musées Beauvoisine. En 1857, quand il arrive à Edo, Hayatake Torakichi, mort en 1868, figure sur trente « publicités » sur ses perches et ses échelles. Autres figures importantes à cette époque : les sapeurs pompiers volontaires regroupés en de multiples brigades après un terrible incendie à Edo. Ces hommes qui montaient sur les échelles pour surveiller la ville et guetter la moindre fumée se sont mis à effectuer des acrobaties.

Les ambiances, les traits, les couleurs changent sur les estampes avec une nouvelle ère. Le pays s’ouvre et accueille des troupes américaines et européennes. « C’est du jamais vu au Japon. Les artistes arrivent avec des chevaux, des éléphants, des autruches et font leur numéro sur une piste. Le cirque Chiarini a même joué devant l’empereur. On le voit, au début, il y a des maladresses dans le dessin », remarque Mathilde Schneider.

Les estampes sont le témoin de ces évolutions et de ces échanges et n’échappent parfois aux clichés. Elles deviennent alors de véritables œuvres d’art aux yeux des artistes occidentaux.

© collection Y.L. et G. Borg

© collection Y.L. et G. Borg

Infos pratiques

  • Jusqu’au 17 mai, du mardi au samedi de 13h30 à 17h30 et le dimanche de 14 heures à 18 heures, au musées Beauvoisine à Rouen
  • Entrée libre
  • Renseignements au 02 35 71 41 50 ou sur www.museumderouen.fr