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Le jumperstyle, d’Internet à la scène avec (La)Horde


Le collectif (La)Horde réunit sur le plateau onze jumpers. Ces jeunes interprètes, filles et garçons, viennent de France, du Québec, de Hongrie, de la Pologne, d’Ukraine, d’Allemagne. Tous sont passionnés par jumpstyle, une danse très physique, née vers la fin des années 1990 dans le nord de l’Europe. Elle se pratique en solitaire dans sa chambre ou en extérieur, qui se filme et se dévoile sur le web. Autre particularité : le jeu de jambes époustouflant. Les trois chorégraphes de (La)Horde, Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel, ont fait le pari d’écrire un ballet pour raconter leur histoire. C’est jeudi 7 et vendredi 8 février au CDN de Normandie Rouen dans To Da Bone. Entretien avec Jonathan Debrouwer.

À quel moment avez-vous commencé à vous intéresser au mouvement des jumpers ?

Tout a commencé quand nous avons dû écrire une pièce à l’école de danse contemporaine de Montréal. Nous nous sommes demandés ce que nous pouvions transmettre à ces danseurs-créateurs ? En parallèle, nous nous sommes toujours intéressés aux nouvelles formes de danse et de représentation, notamment sur l’Internet. Nous avons regardé des vidéos, tournées dans des villes post-industrielles. C’est dans ces lieux que le nombre de jumpers est le plus important. Nous avons eu l’opportunité de les rencontrer. Nous avons aussi réalisé un film, Novaciéries. L’étape suivante : écrire une pièce plus longue, réunir ces jeunes éparpillés dans le monde entier et raconter quelque chose de cette jeunesse.

Que dit ce mouvement ?

Ces jeunes dansent dans leur chambre, partagent leur performance et attendent un retour de leurs pairs. Les remarques des uns font progresser les autres. Il y a une sorte de bienveillance entre eux. Au fil du temps, cela a créé un mouvement. Nous avons essayé de trouver la source. Ce n’est pas simple parce que chacun a sa vérité. Chaque jumper est influencé par les danses traditionnelles et folkloriques de son pays. 

Qui sont les jumpers ?

C’est un mouvement très jeune. Au départ, les danseurs avaient entre 10 et 13 ans. Aujourd’hui, ils ont 20 ou 24 ans. Ils sont très passionnés parce qu’ils ont réussi à rendre pérenne ce mouvement. Aujourd’hui, ils s’impliquent beaucoup pour transmettre cette danse à une nouvelle génération. C’est fabuleux !

Y a-t-il l’expression d’une révolte de la part de ces jeunes ?

Il y a avant tout chez eux une volonté de montrer leur capacité, leur savoir-faire. Ils ne parlent pas la même langue et font des efforts pour se comprendre en anglais. Ils ont dû apprendre à se servir de la vidéo. Cette communauté est très solidaire et généreuse. 

C’est avant tout une danse très physique.

Oui, c’est très physique. Une séquence dure entre 20 et 25 secondes.

Comment avez-vous réussi à convaincre ces danseurs solitaires à s’embarquer dans une aventure collective ?

Quand on part avec une proposition très honnête, le dialogue se met vite en place et il est facile de réunir. Nous avons commencé à mener différents ateliers, à imaginer plusieurs thématiques pour écrire une dramaturgie. Nous nous sommes interrogés sur la communauté, sur l’émancipation, sur la révolte intime de la jeunesse. Nous avons été pendant un bon bout de temps en recherche. Il a fallu aussi mettre en place des séances de cardio, d’étirement, d’échauffement afin que les danseurs ne se blessent pas.

Infos pratiques

  • Jeudi 7 et vendredi 8 février à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly.
  • Spectacle tout public à partir de 8 ans
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 8 février
  • Tarifs : 20 €, 15 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr