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Le monde de la nuit s’illumine au MuMa au Havre

Le Port du Havre, effet nuit, 1873, Claude Monet

Les nuits sont désormais électriques au MuMa au Havre. Une exposition de 170 œuvres pour démontrer que la lumière artificielle a bouleversé les habitudes des peintres de la fin du XIXe siècle. Elle se tient jusqu’au 1er novembre dans le cadre du festival Normandie impressionniste.

Dans cette exposition, il y a un tableau qui n’était jamais revenu au Havre depuis son exécution. Parti de Londres où il s’est réfugié pendant la guerre, Claude Monet fait une étape au Havre en 1872. Là, il peint Le Port du Havre, effet nuit depuis les quais. Un endroit éclairé par les lanternes au gaz qui sont des points de repère pour les bateaux. 

« L’œuvre est unique, remarque Annette Haudiquet, conservateur en chef du patrimoine et directrice du Muma. Elle est le premier nocturne de Monet. Il faudra attendre 1901, soit trente ans plus tard, pour qu’il en fasse trois autres plus abstraits. Ce tableau est comme un pastel. On sait que Monet a réalisé des dessins sous l’influence de Boudin. Cependant, cette œuvre a quelque chose d’expérimental et de moderne. Face à elle, on comprend qu’il a franchi un pas immense. À Londres où l’a rejoint Pissarro, ils découvrent ensemble le travail de Whistler qui peint des clairs de lune. Il le fait dans son atelier. Il va s’imprégner des ambiances lumineuses du bord de la Tamise et peint ensuite des scènes de la nuit. Whistler a un succès immédiat et a influencé un grand nombre d’artistes. Ce n’est pas étonnant que Monet s’empare de l’atmosphère d’un port au petit matin. Mais c’est complètement différent de Whistler. Avec Monet, ce n’est pas un crépuscule mais un jaillissement de la peinture ».

170 œuvres

Le Port du Havre, effet nuit de Monet est la star de cette nouvelle exposition qui se tient jusqu’au 1er novembre au MuMa au Havre pendant le festival Normandie impressionniste et Un Été au Havre. Un événement pas simple à mettre en place puisque le confinement a été décidé au moment où les œuvres arrivaient d’Allemagne, de Suède, du Royaume-Uni, d’Italie… « Grâce à la mobilisation de toute l’équipe, de l’esprit de solidarité et l’entraide avec les prêteurs, nous pouvons proposer l’exposition dont nous avons rêvée » avec 170 œuvres d’artistes majeurs comme Valloton, Caillebotte, Bonnard, Steinlen, Grimshaw, Maufra… Il en manque encore deux qui arriveront de Pologne le 17 juillet.

Le MuMa vibre désormais au rythme des Nuits électriques. Cette exposition interroge ainsi la manière dont les artistes ont abordé le paysage éclairé d’une lumière artificielle. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, l’espace urbain se transforme. Un élément fait son apparition et dessine la ville de sa silhouette verticale. C’est le réverbère au gaz, puis à l’électricité. « Il est tout d’abord représenté de jour. Comme s’il était une curiosité pour les peintres », commente Annette Haudiquet. 

Les artistes vont se plonger dans le monde de la nuit, dans ces endroits éclairés que sont les gares, les ports, les chantiers, puis les commerces, les grandes rues, les cabarets, les terrasses de café… Tant de lieux où se concentrent la vie et l’activité économique. Les peintres et les photographes se font le témoin de ces évolutions technologiques et de ces métamorphoses, d’une autre poésie et d’une magie de la nuit. « Certains vont considérer cette lumière comme un soleil froid et donne un effet polaire aux paysages ». D’autres, comme Steinlen, s’intéressent à la vie dans les périphéries restées dans une nuit totale qu’affrontent les ouvriers, les prostituée et où il est possible de faire de mauvaises rencontres. D’autres encore préfèrent être dans la rêverie, dans des ambiances oniriques et évoluent vers l’abstraction.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 1er novembre, tous les jours, du mardi au vendredi de 10 heures à 18 heures, les samedi et dimanche de 11 heures à 19 heures au MuMa, musée d’art moderne André-Malraux au Havre.
  • Tarifs : 10 €, 6 €
  • Renseignements au 02 35 19 62 62 ou sur www.muma-lehavre.fr