C’est une « Bande décimée » qu’il propose jusqu’au 8 octobre à l’hôtel de région à Rouen. Guiome David, peintre contemporain, joue avec les cases de la bande dessinée, représente des antihéros, des bustes et des chemins où il aime se perdre. Cette exposition, présentée dans le cadre de NormandieBulle, retrace le parcours d’un artiste originaire de Rouen.
Au début, il y a Tintin. Pour beaucoup, le reporter d’Hergé rappelle l’enfance. Pour Guiome David, « il est rassurant ». Des Tintin, il en a réalisés 100 en 6 ans. « C’était comme une récré. Je voulais me chauffer le pinceau ». Cette galerie de portraits, la Tintinerie, est extraordinaire.
Elle est surtout le point de départ d’un travail sur les quatre âges de l’homme. Le premier : « c’est tout d’abord un fils à papa qui est en fusion avec le monde. Il n’a pas de trouble, pas de colère ». Tintin a une houppette bien sage qui s’agrandit et s’agite dans un deuxième temps. « C’est la figure du punk, l’adolescence, l’âge de la révolte. Dans les années 1980, j’étais un punk à Rouen ». Suivent la période adulte où les affres de la vie marquent les visages et le quatrième âge. Là, la mèche ne se fait plus rebelle, la barbe blanche a poussé, la sagesse n’est pas loin puisque les personnages prennent des allures de philosophes. C’est toute une histoire tragi-comique.
La bande dessinée est également présente dans les tableaux plus abstraits, les BD. Tous comportent des cases qui « laissent supposer une narration ». Pour Guiome David, ces espaces ne sont pas fermés. Il les traverse en toute liberté grâce à une gestuelle franche pour faire naître des espaces colorés, pour évoquer la notion de temps.
Avec le temps justement, la peinture de Guiome David évolue. La couleur, le geste pictural restent prédominants. Comme un hommage à Claude Monet, il a représenté 30 fois le corps de sa compagne, tel une statue. Dans ces tableaux, il a occulté le visage. « Lorsque vous mettez un visage, vous ne voyez que ça. Le visage est ce que l’on comprend le mieux chez l’autre. Quant au corps, il est plus social ».
Dernière étape de cette exposition : le Paysage. Pour Guiome David qui a réalisé un portrait de François Hollande, « le changement, c’est maintenant pour moi aussi. Nous sommes saturés d’images. Cela fait du bien d’en sortir ». Le Normand découvre le Gard où il habite désormais. « Je suis pourtant un artiste d’atelier ». Il travaille ainsi à l’extérieur, sur le bord d’un chemin, au pied d’une tour, dans un cimetière. Le récit est encore très présent dans ces œuvres. Il est simplement écrit en noir et blanc avec quelques traits d’un feutre.
- Jusqu’au 8 octobre, tous les jours de 9 heures à 18 heures, à l’hôtel de région à Rouen. Entrée libre
