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« Les Amantes » sont deux militantes féministes

Dans Les Amantes, Elfriede Jelinek raconte le destin de deux femmes, prisonnières de leur enfance. Deux parcours parallèles portés à la scène par la compagnie KH jeudi 25 avril au Drakkar à Neuville-lès-Dieppe dans le cadre du temps fort Poésie et politique.

Elles sont Les Amantes. L’une, brigitte, habite en ville et est employée comme ouvrière à la chaîne dans une usine de soutien-gorges. L’autre, paula, est restée à la campagne et va devenir vendeuse dans la supérette de son village. Ces deux jeunes femmes ne se connaissent pas. Leurs points communs : elles ont grandi dans une Autriche paisible. Chez leurs parents, tout n’était pas si joyeux. Leur enfance est marquée par la brutalité et l’abandon. Maintenant, elles veulent changer de vie, de conditions sociales. Pour cela, dans les années 1970, elles ont peu de choix : se faire faire un enfant pour avoir un homme.

Dans Les Amantes, Elfriede Jelinek, lauréate du prix Nobel de Littérature, conte le récit de brigitte et paula, deux personnages (avec des prénoms sans majuscule) qui doivent affronter l’humiliation, la domination. Rozenn Fournier et Camille Kerdellant, les comédiennes de la compagnie KF, ont confié ce roman à l’humour ravageur à la metteuse en scène Gaëlle Héraut. « Jelinek emploie une langue singulière qui va à toute berzingue. Elle avance tout le temps. Il y a quelque chose de très vif dans le fond comme dans la forme. Cela donne un récit acéré qui permet de travailler avec la pensée des deux actrices ».

Pour parler d’amour, de haine, de mariages, d’enfants, de famille, Rozenn Fournier et Camille Kerdellant sont brigitte et paula et beaucoup d’autres femmes encore. « Dans ce travail avec elles, j’ai tiré des fils. Nous avons commencé par des randonnées, telles des improvisations très cadrées sur divers sujets. Cela a donné des propositions très personnelles, a permis de débarrasser les mots de tout ce qui n’est pas propre à la personne qui le dit et d’aller au plus profond de la pensée. Je crois au pouvoir de la pensée sur un plateau. Plus rien n’est alors une expérience déjà entendue. Plus rien n’est évident. Les choses se passent à l’instant où elles sont nommées. Et on donne une réalité à quelque chose qui est en train de se réaliser ».

Gaëlle Héraut

Sur le plateau, Les Amantes prend des allures de feuilleton télévisé. Les vies de brigitte et paula avancent et s’entremêlent ; comme si le destin de l’une pouvait avoir une incidence sur celui de l’autre. Elles racontent une réalité sociale et une souffrance humaine.

Infos pratiques

  • Jeudi 25 avril à 20 heures au Drakkar à Neuville-lès-Dieppe.
  • Tarifs : de 23 à 10 €.
  • Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr