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Les clichés de la danse, vus par Hillel Kogan

The Swan and the pimp est le deuxième volt d’une trilogie entamée avec We Love Arabs. Le chorégraphe et danseur Hillel Kogan y poursuit une réflexion sur le milieu de la danse. C’est mercredi 15 et jeudi 16 mai à L’Étincelle à Rouen.

La figure du cygne traverse encore et toujours les différents courants chorégraphiques. Elle vient notamment du Lac des cygnes, le ballet romantique de Tchaïkovski. L’image de la danseuse divine, belle et séduisante et celle du danseur élancé, léger, puissant ne sont pas prêtes de s’effacer. « Nous sommes dans des stéréotypes grotesques. Et ce dès l’enseignement dans les écoles. Le monde de la danse est une micro société où se croisent les mêmes corps. La danse m’intéresse en tant qu’art pour parler de l’éthique et de l’esthétique, des valeurs de notre société qui se reflètent dans les conventions du monde de la danse ». 

Dans The Swan and The pimp (le cygne et le maquereau), présenté mercredi 15 et jeudi 16 mai à L’Étincelle à Rouen, Hillel Kogan revient à l’idéologie de l’esthétique et pose la question du genre. Le chorégraphe et danseur s’appuie sur la dichotomie entre le cygne blanc et le cygne noir. D’un côté la femme sainte. De l’autre, la prostituée. Mais aussi la danseuse fragile et le danseur fort. « Qu’en est-il d’un interprète avec des mouvements un peu féminins ? Est-il vu comme un vrai homme ? Il n’y a pas si longtemps, lorsqu’un garçon émettait le souhait de danser, on se moquait de lui ». Un point commun tout de même : ils doivent être jeunes. « Le monde appartient aujourd’hui aux jeunes. Je m’interroge puisque je vais avoir 45 ans. Où est alors ma place dans la danse ? Est-ce que je peux être encore un cygne ? ». Le tout sous le regard complice du public. « Il a aussi le pouvoir de faire changer les choses. Lui ne veut pas voir des danseurs gros, vieux… Comme dans le monde de la mode ».

The Swan and the pimp est un duo, interprété par Carmel Ben Asher et Hillel Kogan. Comme We Love Arabs, premier volet de la trilogie. « J’aime ce format. Il permet de faire des comparaisons. Dans un groupe de 4 ou de 5 personnes, il est difficile de percevoir les liens de dépendance ou les contrastes. Le duo est beaucoup plus fort. Il y a eu dans We Love Arabs un face à face entre un Arabe et un Israélien. The Swan and the pimp réunit un homme et une femme ». Le chorégraphe joue sur les contrastes. Avec l’âge tout d’abord : il a 44 ans, elle, 24 ans. Avec les costumes : il est habillé en noir, elle, en blanc. Avec la musique : des partitions classiques et des sons électroniques. Ce sont les corps qui s’exposent au service d’un art, créent la beauté à travers une danse sensible, intense au ton quelque fois ironique.

Infos pratiques

  • Mercredi 15 et jeudi 16 mai à 20 heures à la salle Louis-Jouvet à Rouen.
  • Spectacle tout public à partir de 12 ans
  • Tarifs : de 19 à 3 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.letincelle-rouen.fr