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Quand les corps parlent

Jusqu’au 12 mai, la galerie Duchoze à Rouen est habitée par les créatures de Ruta Jusionyte. La sculptrice raconte l’humanité à travers des personnages qui portent un vécu plus ou moins terrible.

 

gal duchoze rutaOn ne peut être que troublé face aux créatures de Ruta Jusionyte. Ce sont des personnages sans âge, silencieux, fragiles. Tous s’expriment à la fois par leur regard, moins intériorisé, et par le corps.

 

Pour la première fois, ils affichent un sourire. « J’ai voulu m’éloigner de la tristesse, de la mélancolie afin qu’un dialogue puisse s’établir entre la sculpture et celui qui regarde ».

 

Un sourire qui ne masque pas une certaine ironie car les blessures de ces êtres sont présentes et visibles. Ruta Jusionyte écorche, fissure, déchire les bras, les jambes et le buste de ces personnages. Une manière de rappeler que les cicatrices de la vie sont à jamais inscrites dans la mémoire du corps. « Le futur n’existe pas sans le passé et le présent est aussi fait du passé, d’un vécu ».

 

Pour cette exposition, Ruta Jusionyte a travaillé sur le couple : un homme et une femme dans une position d’attente. « Je me suis interrogée sur les relations entre eux, sur ces question d’égalité. Où se situe une femme par rapport à l’homme ? Quelle doit être son attitude face à l’homme qui lui demande d’être à la fois une femme, une mère et une personne compétente à son travail ? Parfois, les femmes s’imposent un idéal d’homme qui n’existe pas. C’est comme un fantasme ».

 

Ces couples sont suspendus au temps. « N’est-ce pas le propre de la peinture et de la sculpture ? » Ils apparaissent à la fois figés et en mouvement. Comme s’il était difficile pour eux de faire un choix de vie.

 

  • Jusqu’au 12 mai, tous les jours de 14 heures à 19h30 à la galerie Duchoze, 49, rue d’Amiens à Rouen. Entrée libre. Tél. 02 35 07 34 13