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Les danseurs de Chute libre dans l’harmonie du désordre

Annabelle Loiseau et Pierre Bolo, reviennent les 29 et 30 janvier au CDN de Normandie Rouen. Après un magnifique In Bloom, une relecture du Sacre du Printemps en 2016, les deux danseurs et chorégraphes de la compagnie Chute libre donnent une vision de l’Anarchy. La même troupe se retrouve sur scène. Cette fois, c’est le chaos. Elle devra alors trouver un équilibre et une liberté, partager un espace pour vivre ensemble. Entretien avec Pierre Bolo.

À Anarchy, vous ajoutez un sous-titre, L’harmonie du désordre. Quels sont les mots les plus importants ?

C’est l’harmonie du désordre. Ces mots correspondent davantage à l’objet chorégraphique. L’anarchie, c’est le point de départ et l’harmonie du désordre donne un horizon. Nous sommes partis d’un idéal qui n’a jamais existé. L’anarchie, ce n’est pas un état sociétal sans foi ni loi. C’est une notion philosophique très intéressante parce que nous travaillons sans cesse dessus. Quand on travaille avec des danseurs, ils sont tous auteurs d’eux-mêmes. Nous, chorégraphes, sommes des forces de propositions et surtout des guides. Il faut de la spontanéité et de la discipline.

Est-ce que vous avez lu des ouvrages philosophiques pour écrire cette pièce ?

Pas spécialement. Nous ne voulions pas nous affubler de théories ou de notions trop cérébrales. Tout doit passer par le corps. La spontanéité issue du plateau est très importante. En revanche, nous avons regardé une série de trois documentaires sur l’anarchie sur Arte, reprenant quelques bases historiques et philosophiques.

L’anarchie est le point de départ. Quel est alors le fil rouge du spectacle ?

Nous sommes partis d’un postulat poétique : il existe un endroit dans le monde où plus rien ne règne, sauf le mouvement. Nous avions en tête l’image d’un immeuble qui s’effondre. C’est un mouvement. Nous avons axé notre travail sur l’anarchie des corps, du rythme, de la musique, des costumes, du décor… Ce qui signifie qu’il n’y a pas de règles dans notre processus de création et dans la création. Or cela peut devenir ingérable. La première des choses à respecter, ce sont les horaires de répétition. Annabelle et moi ne sommes pas des personnes despotiques. Nous avons fait en sorte de trouver tous ensemble ce que l’on cherchait. C’est le mouvement qui nous rassemble, nous lie. Nous nous retrouvons dans un mouvement d’ensemble qui pourra être nuancé par chacun de nous.

Est-ce que la musique réunit aussi tout le groupe ?

La musique est notre règle commune. Elle est l’empreinte chorégraphique. Ce qui permet d’avoir un ballet urbain avec des individualités fortes. Dans cette bande son, nous avons mélangé des airs d’opéra comme le Duo des fleurs, un extrait de Lakmé de Delibes, au punk des Dead Kennedys. J’ai aussi composé à partir d’un seul instrument, la batterie qui donne une couleur musicale au spectacle. Le corps qui peut être fragile ou animal évolue dans un ballet percussif. Il y a là quelque de plus brut, plus dynamique.

Infos pratiques

  • Mercredi 29 et jeudi 30 janvier à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly.
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du jeudi 30 janvier
  • Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr