Les libraires normands sont satisfaits et un peu rassurés

La Région Normandie ouvre un deuxième fonds d’aide d’urgence pour la culture. Présenté jeudi 11 juin à la librairie L’Oiseau Lire à Évreux par le président Hervé Morin, il s’adresse tout particulièrement aux secteurs du livre et du cinéma.

Il y a eu un premier fonds d’urgence culture d’1 million d’euros destiné aux acteurs du spectacle vivant, des arts visuels et du patrimoine. Un deuxième, avec une même enveloppe, est désormais ouvert aux industries du livre et du cinéma. La Région Normandie apporte son soutien à deux écosystèmes culturels qui ont dû cesser toute activité mi-mars au début du confinement. Aujourd’hui, les cinémas n’ont pas encore rouvert leurs salles. En revanche, les librairies peuvent à nouveau accueillir du public. Pour les 91 libraires normands, cette réouverture ne pouvait s’effectuer sans un accompagnement financier. Les pertes de chiffres d’affaires ont en effet été importantes dans ce secteur déjà fragile puisque les librairies réalisent les plus petites marges de tous les commerces, avec une moyenne de 1% du chiffre d’affaires après déduction de toutes les charges.

En complément des mesures prises par le centre national du livre, Hervé Morin, président de La Normandie, a annoncé jeudi 11 juin à la librairie L’Oiseau Lire à Évreux une aide aux librairies allant jusqu’à 80 % du montant des charges fixes, un soutien financier aux maisons d’éditions en difficultés en raison des annulations de tous les événements. Les structures qui ont dû renoncer à leur manifestation littéraire (salon, festival…) seront accompagnées pour compenser les pertes de recettes et les coûts engagés. Autre décision : faciliter la mise en place des préconisations sanitaires telles que la pose de vitres de protection sur les guichets.

« la problématique Amazon »

Laurent Layet, à la tête de la librairie Au Bouillon de culture à Caen, et président de l’Association des libraires normands, n’a pas caché sa satisfaction. Ces accompagnements vont permettre de passer un premier cap. Celui de la réouverture. D’autant que les clients ont retrouvé en plus grand nombre le chemin des librairies. « Nous engrangeons aujourd’hui du chiffre d’affaire. Pour certains, c’est un achat militant. Il y a eu pendant deux mois une absence de pratique d’achat. Les gens ont pris conscience du danger de la disparition des librairies. C’est très rassurant », se réjouit Laurent Layet.

Néanmoins, la situation financière des librairies reste délicate. Il y aura encore deux autres étapes à franchir. Celle du désendettement et du paiement des charges. « Toutes les échéances ont été repoussées. Par exemple, les livres reçus en janvier, février et mars devront être payés fin juin aux maisons d’édition. D’où l’importance des prêts garantis ». 

Pour envisager un avenir de manière plus sereine, les libraires souhaitent « un traitement de la problématique Amazon. Il faut nous aider à nous équiper pour assurer une vente en ligne. Nous, les 400 libraires, avons bien plus de stock qu’Amazon », indique Laurent Layet. Ils attendent également une baisse des frais postaux « afin de nous rendre plus concurrentiels ».

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