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Les sorcières font de la résistance dans « Le Monde renversé »

photo Dorothée Thébert Filliger


Avec Le Monde renversé, sa première création, le collectif Marthe revient sur l’histoire des femmes, notamment celle des sorcières à partir du XVIe siècle. Inspirées par les contes, surtout l’essai de Silvia Federici, Caliban et la sorcière, les quatre comédiennes jouent du 18 au 21 décembre au CDN de Normandie Rouen.

L’image de la sorcière est inscrite dans les imaginaires. Elle est tout d’abord vieille et laide. Elle vit seule dans les bois, vole sur des balais, prépare des potions mystérieuses et peut avoir des pouvoirs maléfiques. La plupart de ces femmes ont été torturées, brûlées, pourchassées. Tel est le portrait qui traverse les siècles depuis le Moyen Âge. 

Avec le collectif Marthe, la sorcière devient un symbole de l’insoumission de la femme dans Le Monde renversé, présenté du 18 au 21 décembre au CDN de Normandie Rouen. Pour écrire ce premier spectacle, les quatre comédiennes, Clara Bonnet, Marie-Ange Gagnaux, Itto Mehdaoui et Aurélia Lüscher, se sont penchées sur Caliban et la sorcière de Silvia Federici, paru en 2004. 

« C’est un livre complexe et dense. Silvia Federici revient à Marx qui a pensé sur l’accumulation du capital et à un oubli dans ses réflexion. Pour elle, l’avènement du capitalisme a certes entraîné une appropriation des richesses mais généré le contrôle des femmes, une main d’œuvre bon marché. On a contrôlé le corps de ces femmes et on en a fait des monstres. C’est seulement dans les années 1970 qu’il s’est passé quelque chose. Le corps devient alors un symbole de résistance ».

Itto Mehdaoui

Un personnage à quatre voix 

Le corps, le rapport au corps sont les sujets du Monde renversé. Le collectif Marthe à quatre voix évoque et montre sur la scène ces corps violentés, monstrueux et aussi fantasmés qui traversent les différentes périodes de chasse aux sorcières.

« Nous faisons un aller et retour entre l’histoire et nos propres préoccupations de femmes. Le récit est terrible aujourd’hui. Nous connaissons un retour de bâton violent. Les féministes des années 1970 ont fait un travail de fou mais nous vivons dans un climat de tension ».

Itto Mehdaoui

C’est le personnage de Marthe, incarné par les quatre comédiennes, qui porte en lui toute cette histoire dont on connaît le plus souvent uniquement les grandes lignes. 

Infos pratiques

  • Mardi 18, mercredi 19, jeudi 20 et vendredi 21 décembre au théâtre des Deux-Rives à Rouen.
  • Spectacle tout public à partir de 12 ans
  • Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du mercredi 19 décembre
  • Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr