Les témoignages divergent à l’Opéra

photo : Frédéric Carnuccini

Les témoignages divergent après le licenciement de Jane Peters, violon solo, décidé par la direction de l’Opéra de Rouen Normandie, et sa possible réintégration, jugée par le conseil des Prud’hommes. D’autres membres de l’orchestre ont un angle de vue différent des personnes jusqu’alors interrogées.

Quand un fait ou une décision viennent bouleverser la vie d’un groupe, il y a toujours les pour et les contre. C’est inévitable. Cela se vérifie une nouvelle fois à l’Opéra de Rouen Normandie depuis le licenciement de Jane Peters dont les effets ont été suspendus par le conseil des Prud’hommes. La direction a pris fin mai 2021 la décision de se séparer du violon solo de l’orchestre après des enquêtes montrant des « dysfonctionnements » et un « climat de travail qui s’est fortement dégradé ».

Pour certains instrumentistes, ces griefs ont été « inventés. Tout a été grossi et multiplié par un million. Cela a été une engueulade il y a quatre ou cinq ans. Tout a été monté en épingle de façon disproportionnée. Les torts sont partagés ». « À la base, il y a eu un problème de placement. Les solistes placent les tuttistes qui sont sous sa responsabilité. Certains ont estimé être mal considérés. Cela ressurgit aujourd’hui alors qu’il n’y a plus de problèmes. Dans un groupe, il y a toujours des jalousies ». Aujourd’hui, « c’est arrangé », assure un troisième musicien.

Dans un groupe, « on s’entend bien et on s’entend mal. C’est la vie d’un orchestre » qui est « un assemblage de personnes de talents. Cela ne peut pas être tout rose tous les jours. C’est normal qu’il y ait des énervements. La musique, c’est difficile. Donner un concert de qualité, c’est difficile. Il faut être déterminé, avoir un mental ».

Les trois artistes pointent du doigt les études menées auprès d’un groupe de musiciennes et de musiciens trop restreint et de l’entourage proche de la violoniste. « Aucun soliste cordes n’a été interrogé. Pourtant, nous travaillons en cercle très fermé sur chaque concert ». Un musicien n’hésite pas à parler de « manipulation ».

De la souffrance, il y en a. Pour eux, elle est venue après « le départ de Jane Peters. L’ambiance s’est dégradée à cause de ces histoires. Bien sûr, il y a des gens qui souffrent mais pas à cause d’elle ». Autre témoignage : « de là où je suis, je n’ai rien remarqué de terrible. Je n’ai jamais assisté à des insultes. Je ne l’ai jamais entendue mal parler. Elle est hyper gentille. Elle n’est pas dans le dénigrement, dans la critique mais pleine de bonnes intentions. On peut lui reprocher d’être chronophage parce qu’elle met l’artistique avant tout ». 

Les trois artistes considèrent la musicienne comme « la meilleure violoniste », « un pilier de l’orchestre » qui « fait tout pour l’Opéra de Rouen. Chaque saison, elle se met en danger en interprétant un concerto. Ce sont des moments difficiles. Il faut du courage. Peut-être est-ce difficile de vivre avec une musicienne qui a du talent ». Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie, n’a jamais remis en cause les qualités artistiques de Jane Peters.

Pour eux, « aujourd’hui, le problème est réglé. Jane est réintégrée. Tout va bien. On ne va plus discuter d’autres choses que de musique ».

© photo : Frédéric Carnuccini