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L’intime et la nature

Créé à Villeneuve-sur-Scène pendant le festival d’Avignon par La Divine Comédie, L’Echange de Paul Claudel est jouée samedi 9 et dimanche 10 août à l’abbaye de Grestain à Fatouville-Grestain dans l’Eure.

 

photo Atsuhiko Watanabe
photo Atsuhiko Watanabe

Une tragédie. « On va vers la catastrophe. On essaie de l’éviter mais on ne l’évitera pas » remarque Jean-Christophe Blondel, metteur en scène. L’Echange de Paul Claudel confronte deux générations à l’aube du XXe siècle sur la côte est des Etats-Unis, « la génération qui vit dans la société dans laquelle elle se trouve et celle qui s’apprête à y entrer. Ou pas ».

Il y a tout d’abord Louis-Laine et Marthe. Il est un jeune indien. Elle est une paysanne française. Mariés, sans emploi, pleins d’idéaux, ils vivent leur premier amour dans la cabane du jardin d’un grand entrepreneur, Thomas Pollock Nageoire qui partage sa vie avec une actrice célèbre, Lechy Elbernon. La pièce se déroule sur une seule journée. Le soleil se lève et les couples explosent. Louis-Laine a passé la nuit avec Lechy et Thomas Pollock souhaite épouser Marthe, enceinte.

 

L’amour mais… Jean-Christophe Blondel ne résume par L’Echange à un drame amoureux. « C’est une pièce de voyage, d’errance, d’itinérance. Les personnages sont des nomades, des déracinés. Ils sont dans une situation de précarité. J’ai voulu mettre en évidence la précarité du nomadisme. Qu’est-ce être jeune dans la société ? Qu’est-ce que la fragilité d’une vie à l’extérieur ? L’Echange raconte la rue ».

Claudel partage ainsi sa vision de l’humanité. Une vision « sans concession, généreuse. Il décrit l’homme dans toute sa beauté, sa puissance et avec tous ses défauts. Il évoque les contradictions internes. C’est le résultat de la Création. On peut expliquer les qualités de Claudel par cette foi. Son projet esthétique est relié à des questionnements intimes de la vie sur les sentiments amoureux, la soif de liberté, l’attachement à l’autre… Il relie tout cela à des problématiques plus larges : comment la société agit sur nous ? Comment l’argent agit sur nous ? Quelles concessions devons-nous faire ? »

 

La nature. La relation à la nature reste très importante dans l’œuvre de Claudel. « L’auteur relie son travail à l’univers dans son ensemble, donc à la nature. Il y a une écoute de la nature. Les mouvements du soleil sont reliés à la vie de ces quatre personnages. Il est beaucoup question de l’écoute des animaux, des sensations du paysage ». Le monde aussi cruel soit-il ne peut être désenchanté grâce à cette nature magnifique. L’Echange se joue en extérieur. « Ce qui nous permet d’être reliés au présent. Les bruits extérieurs rappellent la vie. Le texte de Claudel résonne ainsi différemment ».

 

 

  • Samedi 9 août à 20 heures, dimanche 10 août à 15 heures à l’abbaye de Grestain à Fatouville-Grestain. Tarifs : 9 €, 5 €. Réservation au 02 32 57 72 10.
  • Mardi 10 mars au théâtre des Charmes à Eu
  • Mardi 17 mars au théâtre de Gisors
  • Jeudi 30 avril au Préau, centre dramatique régional de Vire