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Loin des fleuves tranquilles

Le Volcan au Havre donne à partir du 5 mars carte blanche à André Wilms. Le comédien qui a choisi Juha d’Aki Kaurismäki et joue Max Black de Heiner Goebbels tient un discours percutant.

 

photo Biro Istvan
photo Biro Istvan

Difficile de détacher André Wilms du personnage de Jean Le Quesnoy. C’était en 1988 dans La Vie est un long fleuve tranquille, une comédie dans laquelle Etienne Chatiliez confrontait deux familles, l’une aisée et coincée, l’autre fauchée et espiègle. Le film a eu un immense succès. Le visage d’André Wilms est devenu familier parce qu’on ne peut oublier cet homme droit, toujours très bien coiffé, à la voix monocorde et cet acteur au jeu physique.

 

Davantage présent au théâtre, André Wilms se fait très rare au cinéma. Il reste l’acteur fétiche d’Aki Kaurismäki. Ils ont tourné ensemble quatre films dont Le Havre, sorti en 2011. Le métier de comédien n’a jamais été une fin en soi. Il assure ne pas prendre du plaisir. «  C’est le moins que l’on puisse dire ». C’est un choix qui s’est imposé. « Je n’ai jamais fait d’études ». André Wilms se verrait bien « jardinier ».

 

Il porte donc un regard sévère sur cette profession. « Il y a trop d’artistes, je n’ose même plus descendre dans la rue ». La jeune génération ? « Aucun espoir à attendre ». Quant au public, même remarque. « Lorsque vous pensez que Nabilla arrive à faire 3 millions de vues… » Il fait cependant une exception pour George Clooney. « C’est mon idéal. J’aimerais avoir son salaire juste pour dire : Nespresso, what else ? »

 

Avec André Wilms, très bavard, instinctif, on passe d’un sujet à un autre sans transition. Les journalistes ? Ils sont comme les acteurs. « Il faut vite les faire disparaître. Le traitement de l’information est d’un conformisme. Et l’écriture journalistique, ce n’est pas du Proust ».

 

L’amour ? « Il ne faut jamais croire quelqu’un qui vous dit qu’il vous aimera toute la vie. On peut peut-être le croire pendant deux minutes. En amour, il faut savoir mentir. Donc l’objectif : mentons ! Si votre partenaire le découvre, tant pis. On n’est pas non plus chez les Bisounours ».

 

Pas très optimiste, André Wilms. L’homme à l’humour ravageur préfère les personnes déprimées. « Ce sont les plus intéressantes. Les gens heureux sont chiants et dangereux parce qu’ils ne veulent que rien de change. C’est leur force. Donc on est foutu d’avance. C’est la défaite absolue. Il vaut mieux en rire tant que l’on peut ou prendre des cachets. En même temps, les gens sont malheureux mais ils ne se révoltent pas. C’est la servitude volontaire ».

 

Au Havre

Après le tournage avec Aki Kaurismäki, André Wilms retrouve Le Havre, une ville qu’il apprécie beaucoup. « Elle est en train de se transformer. Elle se muséifie et devient un décor de cinéma ». Lors de sa carte blanche, André Wilms ne propose pas la projection de Le Havre mais Juha, un film du réalisateur finlandais datant de 1999. « J’aime l’humour dans sa mélancolie. C’est un poète ».

André Wilms joue Max Black de Heiner Goebbels, un spectacle de théâtre musical ou une véritable mécanique qui demande une précision diabolique. Dans un décor de laboratoire, Max Black, philosophe, commente de manière compulsive, une activité scientifique.

 

 

 

  • Juha : mercredi 5 mars à 16h30, jeudi 6 à 18h30, vendredi 7 à 20h30, samedi 8 à 16h30, dimanche 9 à 18h30, mardi 11 à 18h30, mercredi 12 à 18h30, jeudi 13 à 20h30, vendredi 14 à 18h30, samedi 15 à 20h30, dimanche 16 à 16h30 et mardi 18 à 18h30 au Studio, 3, rue du Général-Sarrail au Havre.
  • Max Black : jeudi 13 et vendredi 14 mars à 20 heures au Volcan maritime au Havre. Tarifs : de 22 à 8 €. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com
  • Tarifs : un film + un spectacle : 25 €, 11 €