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« Loveless » au CDN : l’hypocrisie d’une époque

La compagnie du Chat Foin a eu carte blanche pendant deux semaines au CDN de Haute-Normandie. Elle réussit aisément son pari en adaptant Une Vie de putain dans Loveless, présentée encore vendredi 27 et samedi 28 mars au théâtre des Deux Rives à Rouen.

 

photo Jacob Chetrit
photo Jacob Chetrit

La pièce se termine par ce message inscrit sur une banderole : Finie l’hypocrisie. C’était en 1975 lors de l’occupation de l’église Saint Nizier à Lyon par des prostituées. Cinquante ans plus tard, cette hypocrisie reste identique. Tout comme le combat de ces femmes.

 

Dans Loveless, Yann Dacosta et Anne Buffet font entendre la parole de six femmes piochée dans le recueil du journaliste, Claude Jaget, Une Vie de putain. Toutes étaient dans cette église pour défendre leurs droits. « Pour les flics, on est les salopes ». Clamer leur liberté. « Louer mon corps, ça me regarde ». Et partager une douleur, des peurs. « Il n’y a pas un seul soir sans emmerdes ».

 

Yann Dacosta et Anne Buffet transforment le plateau en nef avec quelques chaises et prie-dieu, installent un échafaudage en guise de chaire. Les six femmes se racontent, reviennent sur un parcours chaotique. Elles cherchent un sens à cette vie qui s’est imposée. Elles se moquent des hommes, parlent de leur manque d’amour. Elles sont émouvantes, provocantes, révoltées, agaçantes, drôles.

 

A cette parole libre, les deux metteurs en scène ajoutent des reportages télévisés, des extraits de journaux radiodiffusés,  des coupures de presse… Dans Loveless, semblable à un documentaire se déroulant en direct, le public partage un quotidien, devient témoin d’un combat, de l’occupation d’un lieu où se confrontent avec un certain charme les images opposées.

 

Loveless raconte aussi à travers des regards aiguisés ces années 1970 sur les musiques de Pink Floyd, Donna Summer ou Dave. Une époque de lutte pour les femmes qui militent pour disposer librement de leur corps, pour obtenir leur place dans l’espace professionnel… Une époque qui n’est pas révolue.

 

  • Vendredi 27 mars à 20 heures, samedi 28 mars à 18 heures au théâtre des Deux Rives à Rouen. Tarif : 5 €. Réservation au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr
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