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Lucrèce Borgia au CDN : Pierre Cartonnet joue Gennaro

Pierre Cartonnet a été Hamlet, Tybalt dans Roméo et Juliette de Shakespeare. Il est aujourd’hui Gennaro dans Lucrèce Borgia de Victor Hugo. Trois pièces mises en scène par David Bobée qui a été le premier à lui offrir de beaux rôles au théâtre.

 

photo Arnaud Bertereau
photo Arnaud Bertereau

« C’est une super aventure. Je n’en reviens pas. Il y a cinq ans, je voyais mon premier spectacle de David Bobée. C’était Cannibales. J’ai été bouleversé. Les autres créations m’ont fait le même effet. Je me suis débrouillé pour le rencontrer ». Cette première rencontre entre Pierre Cartonnet et David Bobée a lieu avec Gilles, un spectacle entre théâtre et cirque écrit pour Gilles Defacque, clown unique. « David a eu la générosité de m’intégrer dans la troupe. J’avais la dalle, comme on dit. C’était pour moi une super expérience, le rendez-vous idéal parce que les différentes disciplines artistiques étaient mélangées. Je n’en espérais pas plus ».

 

Il en a eu beaucoup plus. Pierre Cartonnet, corps d’athlète, regard intense, sourire énigmatique, a parfois des allures de Pierrot lunaire. Il se réfugie souvent dans son monde, multiplie les interrogations. « J’ai toujours été dans le doute. J’essaie de me rassurer en touchant un peu à tout ».

 

Pierre Cartonnet, spécialiste du mât chinois, a commencé par le cirque, un véritable « appel d’air » pour un garçon qui a eu du mal à trouver sa place en classe. Il a suivi les cours de l’école nationale des arts du cirque à Rosny-sous-Bois. « C’était l’éclate. Or, l’école, c’est un piège. On se retrouve dans une sorte de confort. On n’a pas à se débrouiller par soi-même. J’ai compris plus tard. Les choses viennent de soi ».

 

La prouesse, le geste parfait ont lassé cet artiste qui avait des envies d’ailleurs, de théâtre. Il entre à l’école professionnelle supérieure d’art dramatique à Lille et y reste seulement un an. Aurélien Bory lui offre un rôle dans Plan B, puis dans Plus ou moins l’infini, des spectacles entre théâtre et cirque. Pierre Cartonnet tourne avec la Compagnie 111 pendant 5 ans.

 

Trois classiques

Le théâtre, ce sera avec le directeur du CDN de Haute-Normandie. Et ce sera Hamlet de Shakespeare, le premier texte classique de David Bobée. « C’était un gros challenge pour nous deux. Nous avions la pression tous les deux, mais à des endroits différents. La pièce ne s’est pas montée sans stress, sans labeur et sans douleur ». Il y a eu ensuite Shakespeare à nouveau avec Roméo et Juliette. Pierre Cartonnet joue le rôle de Tybalt. Le comédien et le metteur en scène collaborent une troisième fois dans ce magnifique Lucrèce Borgia. Pierre Cartonnet endosse un Gennaro, à la fois rempli de dégoût pour ce monde corrompu et de tendresse pour une mère inconnue, idéalisée. On retrouve ce jeu physique, brut qui laisse également transparaître les failles de ce personnage blessé.

 

Quels sont les points communs à ces trois rôles ? « Gennaro est plein de colère. C’est ce que j’essaie de montrer. Quand on lit la pièce, on voit qu’il est aussi beaucoup dans ses pensées. Il a un peu un côté romantique que je veux éviter. Je ne veux pas le montrer trop torturé non plus. Hamlet a une dimension plus philosophique. Tous les deux sont dans la rébellion, éprouvent des sentiments d’injustice. Comme Tybalt lorsqu’il s’aperçoit que Roméo est invité à la fête alors qu’il ne fait pas partie de la famille. Si Hamlet est un personnage en quête de vertu, Tybalt ne l’est pas du tout. Il préfère la vengeance gratuite ».

 

Pour Pierre Cartonnet, l’aventure se poursuit avec David Bobée. Les dates s’enchaînent durant toute la saison, et certainement la saison prochaine. « Avec David, on sait que l’enthousiasme du public va être au rendez-vous. Quand on est acteur, on sait que l’on va se retrouver dans un projet qui va toucher les spectateurs. On assume ce côté populaire. J’aime défendre cette idée au travers du travail de David. Nous remplissons notre mission ».

 

Touche à tout, Pierre Cartonnet ne cache pas des envies de cinéma. « Quand on aime le jeu d’acteur, on aime le cinéma. C’est différent du théâtre mais il y a des ponts ». Le comédien s’est aussi lancé dans le one-man-show. « J’aime bien l’humour ». Il découvre le plaisir des scènes ouvertes et de l’écriture. Pierre Cartonnet, un garçon curieux et insatiable.

 

  • Lucrère Borgia : lundi 15 décembre à 20 heures, mardi 16 décembre à 19 heures, mercredi 17 et jeudi 18 décembre à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 18 €, 13 €. Réservation au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr
  • Lire également la présentation de Lucrèce Borgia avec David Bobée et Béatrice Dalle