AlefBa est une magnifique aventure musicale. Sur une même scène : des musiciens belges, français, turc, libanais, égyptien, syrien qui prolongent l’onde de choc, cette soif de liberté et de beauté venues des pays arabes. Emmené par Fabrizio Cassol d’Aka Moon, ce projet résonne mardi 1er octobre au Hangar 23 à Rouen.
« C’est ma vie ». Fabrizio Cassol, saxophoniste belge, emmène son trio Aka Moon dans des contrées musicales inédites depuis vingt ans. Il voyage chez les Pygmées, en Inde, en Afrique, dans toute l’Europe. Son objectif : rencontrer, comprendre l’autre. Pour cela, il n’y a pas mieux que le partage de la musique. « C’est une vibration qui est tellement intime. Avec un son, un musicien porte sa vie, des liens sanguins familiaux et culturels, et porte aussi vers un mode de vie, vers une écriture. Il est impliqué par tout ce qui se passe parce qu’il est actif. Les musiciens sont des modernistes qui veulent changer le monde ».
Les appels, les cris et le vent de liberté soufflant de la place Tahrir en Egypte n’a pas laissé indifférent Fabrizio Cassol. « On sait tout ce qui se passe dans ces pays comme le Liban, la Syrie, l’Egypte, la Turquie. On a accès aux images. Un musicien va au delà. Il rend concrets ces événements et partage les émotions ». Dans le cadre de Marseille-Provence 2013 – Capitale européenne de la Culture, Fabrizio Cassol et son Aka Moon, formé avec Stéphane Galland et Michel Hatzigeorgiou, a imaginé ce projet AlefBa avec des artistes venant de Belgique, de France, de Turquie, de Syrie, du Liban et d’Egypte. Un projet qui peut sembler fou dans le contexte politique explosif. Il est parvenu à concentrer les vibrations fortes émises par ces musiciens semblables à celles ressenties dans les rues.
« C’est une vraie aventure parce que tous ces pays sont en ébullition. L’équipe a mis du temps à se constituer. Toutes ces personnes sont fondamentales avec des personnalités fortes ». Il y a Mustapha Saïd, chanteur et joueur de oud. « Il n’a cessé de changer la tradition de cet instrument et il a une force expressive très grande. Lors de la première semaine de répétition, les tensions étaient très fortes au Caire et il a perdu six de ses amis. Son chant était alors chargé de cette douleur et de tout ce que cela peut représenter pour un homme ». Sheikh Ehab Younes récite le Coran « dans tout ce qu’il y a de plus sublime. Il est comme une source musicale ». Quant à Khaled Aljaramani, c’est « un poète musicien ». Avec Tcha Limberger, « le monde arabe est toujours près de nous ». Ahmet Misirli « a un bagage immense. Il a donné une autre impulsion ». A leur côté, se retrouvent également Emmanuel Bailly et Magic Malik, un flûtiste en perpétuelle recherche musicale.
Pour Fabrizio Cassol, trois musiciens apportent une force singulière. « Nous avons trois aveugles avec nous. Inévitablement, ils se connectent et créent un état d’intuition. Ce sont des âmes ».
AlefBa est une forme musicale singulière où ces personnalités fortes ne se concurrencent pas mais ont trouvé une grammaire commune. « Je fais souvent une comparaison avec les couleurs. Pour faire du orange, il faut du jaune… ». C’est une fusion, un partage d’expériences et d’émotions.
- Mardi 1er octobre à 20h30 au Hangar 23 à Rouen
- Tarifs : de 18 à 8 €. Réservation au 02 32 76 23 23 ou sur www.hangar23.fr
Plus d’infos sur www.akamoon.com
