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Maguy Marin : « Il y a une nécessité intérieure chez l’artiste »

maybC’est une figure incontournable de la danse contemporaine. Maguy Marin en a bouleversé les codes avec une approche audacieuse, épurée et quelquefois conceptuelle. L’Arsenal à Val-de-Reuil programme jeudi 10 novembre May B, une pièce culte du répertoire de la chorégraphe créée en novembre 1981 au théâtre d’Angers. Dans May B, Maguy Marin, réunit sur le plateau dix danseurs, fardés de craie blanche, tels des naufragés. Elle décrit une humanité en lutte mais s’accommodant de son quotidien. Entretien ave Maguy Marin.

 

Est-ce qu’une pièce reprise des années après sa création vibre toujours de la même manière ?

May B n’est pas une pièce que nous reprenons. Nous la jouons fréquemment. Quand les interprètes changent, nous repassons par des choses que nous avions essayé de mettre de côté. Depuis sa création, May B reste le même spectacle. Il ne bouge pas. Il garde tout son sens. Nous le regardons désormais avec les yeux du présent. Le monde a changé. Peut-être que May B résonne différemment. Mais j’ai beaucoup de mal à juger cela.

 

Est-ce que May B est une pièce sur la fragilité des corps ?

Pas seulement. Elle est davantage une pièce sur la différence des corps que l’on ne voulait pas voir dans le milieu du spectacle. Les choses changé aujourd’hui.

 

Ces dix danseurs sont une somme d’individualités.

C’est un petit monde, une petite terre. Notre plateau st une planète sur laquelle nous sommes obligés de vivre ensemble même si on est amis, ennemis. Dans cet espace, nous devons nous côtoyés, vivre ensemble.

 

Ce vivre ensemble est une notion maintes fois abordée aujourd’hui.

Je pense que ces mots ont récupérés à des fins politiciennes et commerciales. Aujourd’hui, ils ne veulent plus dire grand-chose. On en parle comme si c’était la panacée. Mais il n’y a pas beaucoup de débats pour ce vivre ensemble soit possible.

 

 

 

Dans vos créations, est-ce que le rythme reste essentiel ?

Je pense que oui mais j’ai envie de dire les rythmes. Ce n’est pas seulement quelque chose de métrique. Le vivre ensemble est soumis à des rythmes. Le rythme est politique, organisé par le politique, les institutions, la religion, le calendrier. Tout est pensé pour les gens.

 

Dans May B, il y a une notion d’urgence. Est-elle toujours aussi présente pour vous ?

Oui d’une certaine façon. Il y a une nécessité intérieure chez l’artiste, une urgence de mettre en forme une inquiétude, toutes ces choses qui travaillent les corps. Je fonctionne comme cela.

 

Il y a toujours une inquiétude comme point de départ d’un spectacle ?

Oui, il y a des interrogations sur des choses. Elles ne peuvent être négatives et aussi positives. Il y a une forme d’inquiétude, d’incompréhension, donc un besoin de comprendre ce qui nous rend heureux ou ce qui nous effraie.

 

  • Jeudi 10 novembre à 20 heures à l’Arsenal à Val-de-Reuil. Tarifs : de 25 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 40 70 40 ou sur www.theatredelarsenal.fr