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Malik Djoudi : « J’ai l’impression de mener un dialogue avec la musique »

À cause de l’incendie sur le site de Lubrizol, le concert avait dû être reporté. Malik Djoudi sera vendredi 29 novembre au 106 à Rouen avec le CDN de Normandie Rouen. Une des dates de la saison à ne pas manquer. L’univers de Malik Djoudi est hypnotisant. Le chanteur magnétique qui réussit de jolies pirouettes avec sa voix dessine des ambiances nocturnes et fiévreuses, empreintes de mélancolie. Il y a eu UN, un premier album et deux singles entêtants, Sous Garantie et Cinéma. Avec Tempéraments, sorti en mars 2019, Malik Djoudi séduit une nouvelle fois avec une électro-pop mélodieuse. Il offre des humeurs changeantes, des instants de contemplation et quelques rythmes dansants plutôt sensuels. Entretien avec Malik Djoudi.

Vous avez composé pour la danse, notamment pour Pierre Rigal. Est-ce que ce travail a eu une influence sur la composition ?

Il a surtout eu une influence scéniquement. Lors de ces spectacles, je chantais, je dansais. Cela m’a permis de prendre confiance en moi sur scène et d’imaginer un langage corporel. Des images se créaient.

Est-ce que vous avez toujours besoin d’images pour écrire ?

Oui, surtout du ressenti provenant de ces images. Cela arrive par petites touches. Je ne fais pas de peinture mais je compose comme on met de la couleur et des coups de pinceau sur une toile.

Ce sont des coups de pinceau bien maîtrisés.

Peut-être mais je ne sais pas lire les notes de musique. Tout vient beaucoup de l’instinct. Les premières notes sont en effet instinctives mais tout se construit dans le détail. Quand je compose, j’entends tous les sons dans ma tête. Alors je cherche et je cherche jusqu’à les obtenir. J’ai une obsession du son. Cette obsession est aussi dans les mots. Elle est même partout. Tout doit être à sa place. C’est un réel souci pour moi.

Est-ce que cela demande davantage de rigueur ?

Oui, il faut une certaine rigueur. Quand on travaille seul, il faut mettre de la rigueur. Il y a aussi beaucoup de liberté. Aujourd’hui, je me sens complètement libre.

Liberté rime alors avec solitude.

J’ai travaillé en groupe pendant des années. J’en avais envie et j’y ai pris du plaisir. À plusieurs, il faut faire beaucoup de concessions. C’est une cuisine. J’ai préféré travailler tout seul. Cependant, quand je travaille, je ne me sens vraiment jamais seul. Je suis avec ma guitare et je mets en musique ce que je ressens. Je me sens porté par la musique. J’ai l’impression de mener un dialogue avec la musique.

Est-ce un dialogue que vous menez seulement la nuit ?

Je m’inspire de la nuit. J’aime beaucoup ce moment. C’est calme. Le corps est relâché et je laisse venir l’inspiration.

Dans une de vos chansons, Autrement, vous évoquez ce moment : « me sentir autrement comme quand j’avais 20 ans ».

À 20 ans, j’étais plus insouciant. C’est une forme de lâcher prise. La musique me permet encore cela. Elle me permet de ne penser à rien ou d’être ailleurs. Il y a le temps qui passe. On regarde les années avec les souvenirs de l’enfance.

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