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Matias Pilet : « Hektor est ce que je pouvais rêver de plus pur »

photo : Isabelle Jouvante

Matias Pilet est acrobate, mime, danseur, aussi espiègle, poète, distrait, émouvant… Il y a tout cela dans Hektor, un personnage clownesque. Avec Olivier Meyrou et Stéphane Ricordel, il raconte Les Aventures d’Hektor du 15 au 17 octobre 2020 au cirque-théâtre à Elbeuf et la reprend mardi 18 octobre 2022 à la scène nationale de Dieppe. Cet être lunaire tente de trouver sa place et de surmonter tous les obstacles érigés dans un monde absurde. Alors, il faut franchir les barrières même si cela se fait toujours de manière maladroite. Entretien avec Matias Pilet.

Comment est né Hektor ?

Hektor est vraiment né. Il n’a pas été créé. Il est apparu lors d’un spectacle de Stéphane Ricordel, pendant une répétition, dans une gestuelle rythmique. Avec Olivier Meyrou, nous nous sommes attachés à tirer un fil, à découvrir qui était Hektor, comment il réagissait aux événements. C’est en effet plus une découverte qu’une création. C’est intéressant pour moi. Quand j’ai fait du théâtre au lycée, je n’étais pas très à l’aise à l’idée de créer un personnage.

Qui est vraiment Hektor ?

C’est difficile à dire. Je ne le sais pas moi-même. On voit Hektor en train de lutter dans la vie de tous les jours. Comme il a une manière de penser qui est différente, il trouve des solutions qui ne sont pas les plus simples. En fait, Hektor ne réfléchit pas comme tout le monde et ne peut pas trouver sa place dans le monde. Alors il continue à avancer. Lors de ces Aventures, nous essayons de s’attaquer à son passé, à ses origines. Sa mère va ainsi faire des apparitions. Elle sera présente par des souvenirs quand les moments sont trop difficiles pour lui. En fait, il ne cesse de fuir et il n’y a pas de répit.

Il y a beaucoup de vous dans Hektor. Est-ce que des personnages vous ont inspiré ?

Nous nous sommes beaucoup inspirés de Charlie Chaplin et de Buster Keaton. D’ailleurs plus Keaton pour son côté acrobate. Le burlesque, ce n’est vraiment  pas drôle. Il part d’une situation désespérée. Chaplin et Keaton ont cela en commun. Ils évoluent dans un climat de misère, pauvreté, de guerre… Les situations tragiques permettent d’entrer en empathie avec les personnages. On ne rit pas d’eux mais de la manière dont ils tentent de se sortir de leurs malheurs.

Comment avez-vous construit ces Aventures d’Hektor ?

Il n’y a pas une narration tout à fait claire. C’est un homme qui court, fait face à des situations qui s’enchainent. Et cela ne s’arrête pas. Nous avons travaillé à partir d’improvisations. J’aime beaucoup procéder comme cela. Avec ce personnage, c’est d’autant plus important. Quand on fait un choix, Hektor peut le contredire. C’est la situation qui laisse voir le personnage.

« On perdrait de ce personnage si tout était écrit »

Improvisez-vous sur scène ?

Oui et c’est aussi une manière de travailler que j’aime beaucoup. Je tente. Je me mets au service du personnage et c’est génial. Dans une situation, c’est Hektor qui trouve la solution. Tout cela n’est jamais conscient. Oui, il y a de l’improvisation mais ce n’est pas un spectacle improvisé. Il évolue constamment. On perdrait de ce personnage si tout était écrit.

Est-ce que vous aimez beaucoup Hektor ?

Oui, je l’aime beaucoup parce que le clown demande une réelle technique. Il y a aussi de l’acrobatie mais il n’est pas acrobate. En fait, il laisse naître l’acrobatie quand elle est nécessaire. Ce personnage me permet de visiter tous ces endroits. Nous avons créé des situations pour qu’il vive.

Comment s’inscrit-il dans votre corps ?

C’est un travail d’écoute. Je ne maîtrise pas tout à fait ce personnage. Je lui donne vie. Hektor est ce que je pouvais rêver de plus pur. Pour la première fois, je n’ai pas besoin de beaucoup me concentrer. Hektor fait partie de moi. C’est difficile à expliquer. C’est une corporalité, une manière d’être. Il est toujours un peu là et je le convoqua pendant le spectacle. Parfois, il me fatigue un peu.

Infos pratiques

  • Jeudi 15 octobre 2020 à 19h30, vendredi 16 octobre 2020 à 20h30, samedi 17 octobre 2020 à 18 heures au cirque-théâtre à Elbeuf. Tarifs : 17 €, 13 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 32 13 10 50 ou sur www.cirquetheatre-elbeuf.com
  • Mardi 18 octobre 2022 à la scène nationale de Dieppe. Tarifs : de 25 à 12 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr
  • Durée : 1h15
  • Spectacle tout public à partir de 7 ans