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Michel Bussi : « J’ai plus de facilité à incarner des personnages féminins »

photo B. Charly Pasco
photo B. Charly Pasco

Il fait partie des auteurs les plus lus en France, notamment par des femmes. Michel Bussi, également professeur de géographie à l’université de Rouen, enchaine les succès avec des polars. Dans le cadre du colloque Figures et personnages de criminelles, des histoires tragiques au roman policier qui se tient du 7 au 9 juin à la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan, Michel Bussi a parlé de la domestic thriller et des femmes criminelles dans ses romans. Entretien.

Pourquoi vous inscrivez-vous dans ce genre domestic thriller ?

Je le fais avec mon inconscient. C’est clair, je m’inscris dans des intrigues familiales avec des figures féminines. Mais je ne revendique pas une écriture féminine. Tout cela est lié à mon histoire, à mon inspiration. Actuellement, il y a des gros coups littéraires, davantage de femmes qui écrivent et ont des succès de librairies. Dans cette vague domestic thriller, il y a cependant cette idée de thriller classique avec des femmes à qui il arrive des choses extraordinaires.

Qu’est-ce qui vous intéresse chez la femme criminelle ?

Dans mes livres, il n’y a pas forcément la dimension criminelle mais plutôt la dimension romanesque. J’ai plus de facilité à incarner des personnages féminins. Sur une histoire de vengeance, je pense qu’une femme est plus capable de la porter. Même chose pour un récit avec un secret porté tout au long d’une histoire.

Les femmes offrent-elles davantage de possibilités dans le développement de l’intrigue ?

Oui et c’est toujours plus intéressante de se projeter dans quelqu’un que l’on n’est pas. Je m’amuse plus à imaginer. Il y a un côté défi que j’apprécie particulièrement. Par ailleurs, un homme qui écrit sur les femmes a tendance à enjoliver, déformer les choses. J’ai une vision plus optimiste, plus romanesque des choses même si les femmes dans mes romans font des choses atroces.

Quelle figure de criminelle préférez-vous ?

C’est la figure sacrificielle que je préfère. Notamment la femme qui se sacrifie pour ses enfants. Elle ne peut accomplir son destin parce que quelque chose l’en empêche. Apparaît alors un sentiment de frustration qui marque une personnalité. C’est une forme d’absence de liberté.

Ces femmes criminelles sont-elles des victimes ou des bourreaux ?

Elles sont plus victimes. Dans mes romans, je fais en sorte qu’elles soient des victimes.

 

Un colloque à la Maison de l’Université

La force des femmes, hier et aujourd’hui (XIVe-XXIe siècles) : c’est un des thèmes qui anime Ariane Ferry, maîtresse de conférences en littérature comparée, et Sandra Provini, maîtresse de conférences en littérature française au XVIe siècle, à l’université de Rouen. « Cette question a un double sens, positif parce qu’elle relève d’une forme de courage, de la vertu, et négatif car elle met en avant la violence, la torture ». Elle est régulièrement traitée dans les différentes disciplines artistiques et plus particulièrement en littérature. Dans l’histoire, il y a eu des femmes fortes comme Médée ou Penthésilée, des figures qui inspirent encore les auteurs de romans.  Azu fil des écrits, les personnalités évoluent. Mais beaucoup de femmes restent caricaturées. « Une criminelle n’est pas une meurtrière. Une femme adultère ou une femme qui se faisait avorter étaient considérées des criminelles. Il y a eu aussi des femmes barbares. Leur comportement repose sur des faits : elles ont une vie déréglée, elles sont trop libres, elles ont des amants… Elle ont des névroses, des pathologies. Il y a toujours des préjugés », explique Ariane Ferry.

Les deux enseignantes vont explorer cette thématique à travers quatre colloques. Le premier, Figures et personnages de criminelles, des histoires tragiques au roman policier, se tient du 7 au 9 juin à la Maison de l’Université. Suivront des rencontres sur Le Spectacle du crime féminin sur la scène et dans le cinéma européens, Figures de femmes fortes (XIVe-XVIIIe siècles) : modèles et contremodèles et Figures de femmes fortes (XIVe-XVIIIe siècles) : nouvelles représentations du courage féminin, nouveaux enjeux (littérature, théâtre, cinéma, documentaire).

  • Colloque Figures et personnages de criminelles, des histoires tragiques au roman policier, mercredi 7, jeudi 8 et vendredi 9 juin à partir de 9 heures à la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan.