« Tout le monde l’adorait »

bat-120x160-party-girl-page-jpeg-0Il fait partie des films qui laissent des traces. Party Girl joue avec les contraires : la fiction et le documentaire, le général et le particulier. Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis dressent un magnifique portrait de femme à travers une vie singulière qu’ils connaissent, portent un regard sur une région sinistrée en posant leur caméra en Lorraine (l’accent n’a pas été gommé). Au milieu, il y a Angélique, une femme libre qui appartient au monde de la nuit. Les trois réalisateurs ont un œil bienveillant sur Angélique mais pas complaisant. Il y a les bons côtés : un être pétillant, drôle, plein de vie. Et les mauvais : les caprices et l’égoïsme. Au final, Angélique est une femme touchante, mystérieuse qui n’étale pas ses sentiments. Et Party Girl est un film généreux, amoral qui fait du bien. Pour ses quatre ans, l’Omnia a accueilli Marie Amachoukeli.

 

A-t-il facile pour vous d’entrer dans cette famille ?

Samuel est notre meilleur ami. Il nous a régulièrement parlés des problèmes avec sa mère. Nous connaissons sa famille depuis dix ans. Nous participons à la vie de cette famille. Nous sommes en effet là aux différents événements : les anniversaires… Nous avons déjà mis en scène cette famille dans Forbach. Angélique n’avait là qu’un rôle secondaire. Lors de ce tournage, j’ai vécu des moments forts avec elle parce que je la raccompagnais le soir chez Michel, qui était beaucoup moins sympathique que dans le film. La situation posait déjà question. En même temps, elle était très touchante parce qu’elle faisait tout pour être une bonne mère, une bonne épouse. Elle apprenait à cuisiner… Oui, c’était terriblement touchant et terrible tout court.

 

Comment filmer une famille que l’on connaît bien ?

Le challenge était de transformer le cinéma en intime et d’amener l’intime au cinéma. Samuel a apporté sa famille et nous avons apporté notre famille de cinéma avec les techniciens. Il était important que tous se sentent très proches. Pour que cela fonctionne, chacun devait se respecter. Et nous, nous ne devions jamais trahir moralement cette famille. Nous étions soucieux de raconter une histoire et nous étions aussi exigeants. Il y avait un enjeu de cinéma à relever. Parfois, il y a eu de la fébrilité, notamment lors du tournage de la scène de la rencontre entre Cynthia et Angélique.

 

Il y a cette famille, comment s’est effectué le choix des autres comédiens ?

Nous avons effectué un travail de casting, des essais. Joseph Bour qui joue Michel a ce talent naturel de comédien. On dit que 90 % de la direction d’acteurs, c’est le casting. C’est en effet vrai. Après, il faut ajuster, pousser les choses. Tout réside dans le choix et la confiance que l’on accorde à ces personnes.

 

 

Est-ce que la famille a adhéré à votre projet rapidement ?

Il a fallu un certain temps avant qu’elle dise oui. Finalement, tous se sentaient en confiance parce qu’ils avaient autour d’eux le fils et les deux meilleures copines. Cependant, les enfants s’inquiétaient pour leur mère comme ils se sont d’ailleurs toujours inquiétés. Quel regard serait porté sur elle ? Puis, ils se sont éclatés à faire un film tous ensemble.

 

Est-ce que tout était écrit ?

Oui, toutes les scènes étaient écrites. Les comédiens pouvaient broder autour d’une idée. Mais, ils étaient là pour tourner une scène que l’on avait écrite. Ce film nous a demandé quatre ans d’écriture.

 

Comment avez-vous vécu la fin de cette aventure cinématographique et humaine ?

Elle n’est pas terminée en fait. Nous continuons à nous voir pour la promotion du film. Il y a une vraie solidarité.

 

Qu’aimez-vous chez Angélique ?

C’est quelqu’un qui ne regarde jamais en arrière et elle communique cela avec beaucoup de joie. Elle dit : il faut avancer dans le vie, aller de l’avant. Lors de notre travail, cela a été très précieux. Angélique est aussi une personne très forte qui ne se sent jamais victime. Elle assume ses erreurs et ses faiblesses quand elle n’a pas été à la hauteur. C’est quelqu’un de très vivant qui a beaucoup d’énergie. Sur le tournage, tout le monde l’adorait.

 

  • Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis, Samuel Theis, Séverine Litzenburger, Cynthia Litzenburger…