Musique des camps

Ils ont les ont faites découvrir lors de plusieurs Printemps de Rouen. Hélios Azoulay et l’ensemble de musique incidentale sortent … même à Auschwitz, un premier album qui réunit des musiques composées dans les camps de concentration.

 

photo Charles Guibert
photo Charles Guibert

Autant que cela puisse surprendre, il y avait de la musique dans les camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale. Des œuvres pour rythmer la vie des prisonniers et pour satisfaire les envies des nazis. Chaque jour, les déportés musiciens, contraints d’obéir, exécutaient des marches militaires, des airs d’opéra, des valses viennoises… Comme le rappelle Hélios Azoulay, compositeur et clarinettiste rouennais. Le rappeler ou plutôt le porter à notre connaissance.

 

Dans les différents camps, on jouait et on composait aussi. Des compositeurs ont écrit en cachette avant de mourir, pour la plupart d’entre eux. Surprenant également : ces œuvres ont réussi à échapper aux mains des nazis et ont été préservées par ceux qui ont survécu.

 

Depuis six ans, le musicien sort de l’oubli tout ce répertoire. « Il y aurait entre 3 000 et 4 000 partitions ». Homme passionné qui a « un amour pour cette musique », Hélios Azoulay effectue régulièrement des recherches, se fait le gardien, puis le passeur de cette musique dégénérée, comme la surnommait les nazis. Pas par devoir de mémoire, une expression que refuse le musicien, mais par « devoir d’apprentissage » parce que nous avons tous beaucoup à apprendre.

 

Hélios Azoulay a consacré plusieurs concerts à ce répertoire composé dans les camps avec son ensemble de musique incidentale à Rouen et à Paris. Pour poursuivre sa démarche, il s’est lancé dans un projet discographique. Le premier volume d’une collection de musique d’outre-monde, … même à Auschwitz, est sorti. C’est une promenade à travers des danses, des berceuses, des sérénades, des marches écrites par Hans Krasa, Ilse Weber, Robert Dauber, des anonymes… Hélios Azoulay a aussi composé n°78707 à partir du journal intime du déporté portant ce numéro.

 

Ces musiques plongent dans un drame, on le sait avant de les écouter. Mais là, pas de pathos mais beaucoup de poésie, de fraicheur, d’énergie, de puissance, d’urgence, de vie. La musique évoque des élans de vie, de survie, crée des moments d’intimité et invite à une réflexion sur une période sombre.

 

  • Pour se procurer l’album … même à Auschwitz, il suffit de faire sa demande à musiqueincidentale@gmail.com ou de se rendre à la librairie Elisabeth Brunet, 70, rue Ganterie à Rouen.