Nicolas Guiot à Fécamp

photo Julien Pohl
photo Julien Pohl

Nicolas Guiot est producteur. Il a créé sa société de production, Ultime Razzia, avec une bande de copains. Il est ensuite devenu réalisateur. En 2012, ce Belge de 34 ans a tourné Le Cri du homard, un film bouleversant racontant l’histoire d’un homme qui revient de la guerre en Tchétchénie. Marqué à tout jamais par ces scènes terribles, celui-ci ne peut reprendre une vie sereine au sein de sa famille. Nicolas Guiot qui a reçu le César du court-métrage cette année fait partie du jury du festival du court-métrage de Fécamp, Eurydice.

 

Est-ce que la réalisation d’un court-métrage est le passage obligé avant celle d’un long métrage ?

Je pense que c’est difficilement inévitable. Le Cri du homard aurait pu être développé pour être un long métrage. Cependant en tant que producteur, il était impossible de partir sur un long.

 

Pourquoi impossible ?

On est dans une logique où il est nécessaire de faire ses preuves, de faire aussi un film rentable. Dans le cinéma, il y a des contraintes économiques et elles sont moins lourdes en court métrage.

 

Si on écarte l’aspect financier, est-ce que le court-métrage est une bonne école ?

Absolument, on apprend en faisant. En général, chaque film est une bonne école, qu’il soit court ou long. En réalisant Le Cri du homard, j’ai beaucoup appris. Si je devais refaire ce film, il serait aujourd’hui très différent.

 

Ce fut pour vous une belle expérience.

C’était inespéré. C’était un projet que je portais depuis plusieurs années. Je pensais que le sujet était trop compliqué pour un premier film mais il revenait sans cesse. Alors je me suis dis : allons-y. A une semaine du tournage, j’ai ressenti quelques angoisses. Le tournage s’est plutôt bien passé et ce fut une expérience incroyable à tous les niveaux.

 

 

Ce fut aussi un vrai défi d’évoquer un tel conflit.

Oui, un vrai défi parce que je devais trouver des comédiens qui parlent le français et le russe. On pouvait aussi me reprocher le fait que je n’avais aucune légitimité à traiter de ce conflit. Une de mes angoisses était que l’on me dise : tu ne sais pas de quoi tu parles. Cela n’a jamais été le cas. C’était un film ambitieux, très casse-gueule et il s’est révélé être une très belle aventure.

 

Une aventure qui a été récompensée par un Magritte et un César.

Cela a été très encourageant. Après on essaie de relativiser un minimum. Il y a plein de très bons films qui n’ont jamais eu de récompenses et des films moyens qui ont eu des récompenses… Mais cela fait toujours plaisir. Le César a été le sommet des récompenses. Il m’a été remis par des personnes que je ne connaissais pas du tout. Cela a été une vraie surprise.

 

Est-ce difficile de passer de la production à la réalisation ?

J’ai toujours voulu être réalisateur. J’ai fondé cette boîte de production avec des amis afin de financer nos films. J’ai pris goût à ce métier. Suivre un projet du début jusqu’à la fin reste très intéressant. Je viens de l’université où ma formation a été très théorique. Il fallait que j’entre dans ce milieu, que je rencontre des gens.

 

Que pensez-vous de la diffusion des courts métrages ?

C’est assez compliqué. Les exploitants de salles sont assez réticents à projeter des courts avant les longs métrages. Ils préfèrent passer de la pub. On peut comprendre cela. Les festivals sont de bons moyens de visibilité. Moi qui les fréquente, je suis étonné des spectateurs qui ont une démarche très active.

 

Est-ce qu’il y a une plus grande créativité dans les courts métrages ?

Dans les courts métrages, on a une plus grande liberté parce qu’il y a moins de contraintes commerciales. On peut en effet se permettre beaucoup.

 

Quel membre du jury serez-vous ?

Etre membre d’un jury est une vraie responsabilité. Je sais aujourd’hui à quel point un prix a son importance. C’est toujours assez grisant de récompenser le travail de quelqu’un que l’on estime. Je suis enthousiaste.

 

 

Eurydice, le festival

Il est organisé pour la deuxième année par de jeunes cinéphiles qui présentent pendant deux jours une sélection d’une vingtaine de courts métrages, de tous les genres (drame, comédie, fantaisie, satire…). Le jury est constitué de Nicolas Guiot, producteur et réalisateur, Cédric Delannoy, producteur chez Affreux, sales et méchants, Basile Bohard, producteur chez Neo Digital qui remettra le prix du jury, le prix d’écriture, le prix d’interprétation et le prix de la mise en scène. Le public votera également pour l’attribution d’un prix spécial.

 

Le programme

Vendredi 13 septembre

  • 19h30 : cérémonie d’ouverture avec la projection du Cri du homard
  • 20h30 : projection de la première partie de la sélection
  • 23 heures : rencontre avec les réalisateurs

Samedi 14 septembre

  • 14h30 : projection des films Eurydice
  • 15h30 : conférence : L’industrie du court-métrage en France
  • 17 heures : rencontre avec le jury
  • 18 heures : projection de la deuxième partie de la sélection officielle
  • 21h30 : palmarès

 

Infos pratiques

  • Vendredi 13 septembre à partir de 19h30, samedi 14 septembre dès 14h30 au cinéma Le Grand Large à Fécamp.
  • Tarifs : 3 €, 5 € les deux jours.
  • Plus de renseignements sur assoeurydice.free.fr