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Opéra à Rouen : Médée, une femme seule en résidence surveillée

Photo Gilles Abegg

C’est un des chefs-d’œuvre du répertoire lyrique. Médée, une pièce composée par Luigi Cherubini, est à l’affiche de l’Opéra de Rouen Normandie du 22 au 27 mai. Gagnez vos places pour les représentations du 25 et du 27 mai.

Photo Gilles Abegg

Médée est un mythe. Magicienne, prêtresse, femme de pouvoir animée par une passion amoureuse, mère meurtrière, elle a beaucoup inspiré les écrivains, les peintres et les compositeurs, dont Luigi Cherubini (1760-1842) qui lui consacre un opéra créé le 13 mars 1797 au théâtre Feydeau à Paris. Pour Johannes Brahms (1833-1897), « Médée est l’œuvre qui, pour nous musiciens, représentait l’excellence en matière d’art dramatique ».

Médée, fille du roi Éétès de Colchide, va trahir tous les siens. Par amour pour Jason avec qui elle a eu deux garçons. Elle l’a tout d’abord accompagné dans la conquête de la Toison d’or. Il a gagné à toutes les épreuves imposées par le souverain, grâce à ses sortilèges. Pour favoriser sa fuite avec Jason, Médée n’hésite pas à découper son frère en morceaux, à venger le meurtre de son beau-père à Iolcos en imaginant l’assassinat de l’usurpateur par ses propres filles. Le couple et ses deux enfants sont alors contraints à l’exil à Corinthe. Là, pour des ambitions politiques, Jason décide de la répudier avant de se marier avec Dircé, la fille de Créon, roi de cette province. Médée, dans une crise de jalousie, tuera ses deux fils et Dircé.

« Un combat intérieur »

L’œuvre de Cherubini, interprétée par l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, dirigé par Hervé Niquet, clôt du 25 au 27 mai la saison lyrique au Théâtre des Arts. « Médée est une femme seule, acculée à la solitude, à la violence. Elle n’a pas la parole. Elle est comme en résidence surveillée, décrit Jean-Yves Ruf, metteur en scène. Elle va alors mener un combat contre elle-même, un long combat entre l’amour de ses enfants et la liberté. Elle a des accès d’amour et de tendresse et des pulsions de meurtres. Elle a beaucoup tué mais elle n’est pas une tueuse en série. Elle tue par amour ». 

Tineke van Ingelgem, entendue récemment à l’Opéra de Rouen Normandie dans La Petite Histoire de l’opéra de Laurent Dehors, endosse le rôle de Médée. Impossible de jouer un combat intérieur selon Jean-Yves Ruf. « Il faut écouter un endroit en soi parce que nous sommes faits de tension. Nous sommes tiraillés entre l’amour et la haine. Nous avons tous une part lumineuse et d’ombre. Nous avons donc toutes les cordes pour tout jouer. Il faut juste imaginer cet endroit de bascule ».

Dans son travail de mise en scène, Jean-Yves Ruf s’est laissé guider par la musique. « Elle dit énormément de choses. Chez Cherubini, il y a une profondeur, une perplexité. J’écoute la musique jusqu’à ce que je sente des espaces. Sur la partition de Médée, il y a de nombreuses répétitions. Plus j’ai écouté la musique, plus j’ai ressenti que ces répétitions étaient obsessionnelles. La musique permet une mise en pensée ».

Le metteur en scène qui a préféré la version française du livret écrite par François-Benoît Hoffmann campe le personnage de Médée dans l’ambiance d’une résidence surveillée, un espace  sobre, froid où coule l’eau, « symbole d’un passage et de la sensualité ». 

 

 

  • Mardi 22 mai et vendredi 25 mai à 20 heures, dimanche 27 mai à 16 heures au Théâtre des Arts à Rouen. Tarifs : de 68 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr