Opéra de Rouen Normandie : une nouvelle saison plus audacieuse

Loïc Lachenal a présenté lundi 15 juin la prochaine saison de l’Opéra de Rouen Normandie en présence de Catherine Morin-Desailly, sénatrice, vice-présidente en charge de la Culture à la Région Normandie, et de Ben Glassberg, le nouveau directeur musical.

Mi-mars, la saison de l’Opéra de Rouen Normandie s’est arrêtée brutalement. La crise sanitaire a entraîné l’annulation de 60 représentations et 25 dates en tournée, soit une perte de 800 000 euros. « Nous avons fermé le théâtre en laissant le décor de Serse (une œuvre de Haendel, ndlr) à moitié monté. C’est un moment fort dans la vie d’un directeur, confie Loïc Lachenal. A commencé ensuite une longue période d’incertitude pour la maison et la profession. Au moment du confinement, je pensais que l’on se retrouverait au printemps. S’est ensuite posée la question de la rentrée après la parution de l’étude rendue par l’Académie de médecine allemande qui préconisait une rentrée culturelle en 2021. Je ne voulais pas croire à cela. Il faut savoir garder la tête froide. Les choses ont évolué très vite. Pourquoi annuler des projets prévus dans six ou huit mois ? »

80 spectacles

Une longue période pendant laquelle il a fallu gérer le présent avec les annulations et le futur pour finaliser la programmation. « Je n’ai jamais voulu renoncer à des spectacles. L’opéra n’est pas l’endroit des petites formes. À tout moment se pose le problème de l’intégrité. Jusqu’où pouvons-nous aller pour ne pas nous corrompre ? Nous nous sommes dit : il faut y aller coûte que coûte ». La saison lyrique commence avec Tannhäuser, le cinquième opéra de Richard Wagner mis en scène par David Bobée, directeur du CDN de Normandie Rouen. Tannhäuser est ce jeune homme avec un cœur qui bat pour l’amour charnel de Vénus et l’amour chaste d’Élisabeth. Suit La Clémence de Titus, une œuvre chère au nouveau directeur musical de l’Opéra de Rouen Normandie. Ben Glassberg dirige cette pièce de Mozart confiée au duo bien connu de Clarac et Deloeuil. Éric Ruf, directeur de la Comédie-Française, s’empare du somptueux opéra de Debussy, Pelléas et Mélisandre, dirigé par Pierre Dumoussaud, déjà venu à l’Opéra de Rouen Normandie avec Butterfly de Puccini. À noter également Les P‘tites Michu de Messager, Trois Contes de Pesson et Simon Boccanegra de Verdi.

Cette saison 2020-2021, marquée par l’arrivée d’un jeune maestro, Ben Glassberg, n’est pas une demi-saison. Elle comporte davantage de propositions audacieuses et de jolies promesses artistiques. Elle compte environ 80 spectacles dont les 6 opéras, 6 spectacles musicaux et plus de 50 concerts. Annulé en raison de la crise sanitaire, L’Abrégé des merveilles de Marco Polo de Lavandier est reporté au 20 novembre. Loïc Lachenal programme à nouveau le bouleversant Louées soient-elles de Haendel, mis en scène par David Bobée et Corinne Meyniel. Retour du Poème harmonique avec Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano, et Mon Amant de Saint-Jean pour une plongée dans l’ambiance des Années folles. Dans Une Femme se déplace, David Lescot dresse le portrait d’une femme qui voyage dans diverses époques de sa propre vie. Quant à Marie-Ève Signeyrole, elle puise son inspiration dans la Symphonie n°7 de Beethoven pour écrire Baby Doll, un spectacle sur de jeunes migrantes.

Des temps forts

Beethoven, justement, aura son festival cette saison à l’Opéra de Rouen Normandie puisque l’on célèbre les 250 ans de sa naissance. Loïc Lachenal souhaite présenter au public un Beethoven autrement pour questionner son héritage. Shani Diluka, pianiste, tisse des liens entre le compositeur et la culture indienne. Les Miroirs étendus évoque la figure du héros en confrontant les points de vue de Beethoven et de Wagner. Retour d’Alexandre Tharaud avec le Concerto pour piano n°3 et la Pastorale qu’il met en regard à Ludwig van de Mauricio Kagel et Pièce pour piano et orchestre de Jacques Rebotier.

Dans cette nouvelle programmation, la musique se confronte à l’image. Tout d’abord pour imaginer l’Amazonie avec les partitions de Heitor Villa-Lobos et les photographies de Sebastão Salgado. Grégoire Pont dessine alors que l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, dirigé par Pierre Bleuse, interprète Un Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn. Les images de Pierre Nouvel se mêle à L’Offrande musicale de Bach, jouée par l’Ensemble Diderot. 

Enfin, la saison 2020-2021 ne se déroulera pas sans le chœur Accentus, la formation belge B’Rock, Les Talens Lyriques. Retour de Lea Desandre, la belle et pétillante Rosine du Barbier de Séville qui a ouvert la saison dernière, avec l’Ensemble Jupiter pour chanter des Lettres amoureuses. Autres reports : celui de Katia et Marielle Labèque pour un Sacre du Printemps, celui aussi de Sandrine Piau et du Concert de La Loge, d’Angelin Preljocaj et son Winterreise.

photo : Tannhäuser© KhFessl