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Oua-Anou Diarra aux Musicales : « Ce qu’un griot joue n’est pas seulement un son mais surtout une parole »

Né dans le nord-ouest du Burkina Faso, Oua-Anou Diarra est un griot. La transmission est au cœur de son projet musical. Dans Déclinaison(s), un solo qu’il propose samedi 17 août lors des Musicales de Normandie à Fécamp, le musicien dialogue avec ses instruments, la flûte peul, le tamani, le djéli n’goni pour en devenir complice et raconter son parcours si riche. Entretien avec Oua-Anou Diarra, désormais installé en Normandie.

Quand a commencé votre complicité avec la flûte ?

Mon premier instrument est la flûte peul. Il marque toute mon histoire musicale. C’est aujourd’hui ma colonne vertébrale. J’ai hérité de cette pratique sans vraiment le savoir. Mon père est griot et la musique m’a toujours entouré. Au moment où on doit faire des choix, où j’ai pris une direction artistique, la flûte est venue vers moi. Je ne peux pas dire si je l’ai souhaité, si j’en ai eu envie, si je l’ai voulu. Cela ne s’explique pas. La flûte représente ma vie, mon moyen d’expression. C’est mon intérieur. Elle me permet de dire ce que je ne peux pas transmettre par les mots. Avec elle, je navigue dans un monde. Nous avons besoin l’un de l’autre

Pourtant, vous lui faites quelques infidélités avec d’autres instruments.

Cette possibilité d’infidélité a été choisie par elle, je pense. Le choix d’être complice, de créer des choses ensemble m’a conduit vers d’autres instruments traditionnels, comme le tamani, le djéli n’goni. Cette direction vient de la flûte. Je m’inscris aussi dans le schéma familial.

Que cherchez-vous avec ces autres instruments ?

C’est une nécessité pour dialoguer avec d’autres instruments, pour explorer d’autres directions musicales. C’est une autre vie, un autre rapport physique avec l’instrument, une autre manière de transposer les choses. Mais cela reste toujours de la musique. Je pense aussi que c’est un combat pour chaque musicien : devenir complice avec des instruments pour composer de la bonne musique.

Vous êtes un griot et la question de la transmission est au cœur de votre projet musical.

Un griot est un messager et un médiateur. Dans les villages, il est une personnalité importante. Il est là pour transmettre des messages, les bonnes comme les mauvaises nouvelles. Il est capable de stopper les disputes entre deux personnes parce qu’elles ont ordre de lui obéir. Ce qu’un griot joue n’est pas seulement un son mais surtout une parole. Ma démarche d’artiste consiste en l’instauration d’un dialogue parce que la musique apaise, rassemble. Elle est également un dialogue entre la musique traditionnelle de chez moi et celle d’ici. Je compose avec tout cela.

Comment y parvenez-vous ?

Il m’a fallu comprendre d’où je viens, le bagage que je porte, la manière dont je peux le faire voyager. Et ce, sans perdre cette tradition qui m’est chère. Cet héritage familial est une force. Il me nourrit mais je fais partie d’une génération qui voit la musique différemment des personnes nées dans les années 1930 ou 1950. Je fais partie d’une génération qui a goûté à d’autres saveurs. 

D’où sont ces Déclinaison(s) que vous jouez au festival ?

Oui, ce sont plusieurs facettes de ma personnalité qui se développe avec les instruments. Avec eux, je passe d’une vie à une autre. C’est donc quelque chose d’infini. Ce sont mes déclinaisons.

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