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Pablo Mira : « ma matière principale, c’est la connerie »

Pablo Mira à la radio, c’est dans Par Jupiter ! où il joue un éditorialiste de droite très énervé. Pablo Mira à la télévision, c’est dans Quotidien pour commenter les réactions d’internautes pas toujours éclairés sur des sujets d’actualité. Pablo Mira sur le web, c’est dans legorafi.fr, célèbre site satirique, et dans Sérieusement ?! sur Deezer,  un moment pour décortiquer les informations politiques. L’humoriste à la plume acérée est désormais aussi sur scène avec un premier one-man-show. Pablo Mira dit des choses contre de l’argent vendredi 1er mars à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu. Il joue un personnage plutôt détestable… Entretien.

Vous avez été journaliste. Qu’est-ce qui vous a amené à l’humour ?

Pour moi, faire des blagues ne pouvait être un métier. C’est dès l’âge de 5 ou 6 ans que j’ai commencé à faire des blagues. J’en ai fait encore plus au collège. Parallèlement à mes études, j’ai participé à des scènes ouvertes. Je suis devenu journaliste et je suis revenu aux blagues. Notamment en 2012 quand nous avons créé Le Gorafi. Ce truc a pris de plus en plus de place.

Comment expliquez-vous que certaines personnes aient autant de défiance envers les journalistes, un des métiers les plus décriés, et arrivent à croire des infos du Gorafi ?

Le Gorafi ressemble à un vrai site d’infos classique. Nous faisons de la satire et nous ne voulons pas décevoir. Cela arrive aussi avec le personnage que je joue sur France Inter. Par ailleurs, les gens croient à ce qu’ils ont envie de croire. Il y a une crise du journalisme mais elle n’est pas profonde. Aujourd’hui, je pense qu’il y a une crise vis-à-vis de toutes les institutions.

Est-ce que cela vous inquiète ?

Ce qui m’inquiète davantage, ce sont les circulations des fausses informations, comme les fake videos. Cela m’interroge et va avoir un impact énorme sur la vie politique, sociale, démocratique. Ces vidéos sont quand même bluffantes.

Est-ce que l’actualité est votre seule matière première ?

Non, je ne vais pas seulement puiser dans l’actualité. Je vais sur les réseaux sociaux… Je me suis rendu compte que ma matière principale, c’est la connerie, les paroles, les gestes et les actions absurdes de ces personnes qui pensent être supérieures aux autres.

Est-ce que vous lisez beaucoup ?

Pour arriver à commenter quelque chose, il faut tout d’abord se poser, comprendre la phrase ou la réaction. Et cela demande du temps. Heureusement, je ne suis pas seul. Je n’écris pas tout seul. Je n’arriverais jamais à faire tout ce que je fais sans être accompagné d’une équipe.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire un spectacle et de monter sur scène ?

J’ai longtemps hésité. Le Gorafi, c’est l’école de l’ombre. Puis, j’ai commencé les chroniques à la télévision. Cela m’a mis le pied à l’étrier. J’ai créé des personnages dans les émissions et cela m’a donné le goût de porter des textes.

Comment s’est construit votre personnage ?

Il était nécessaire d’avoir un personnage très cynique, un bel enculé avec des points de vue immoraux, pour avoir un spectacle percutant. C’est un peu l’école du Gorafi. Cet homme va parler de son rapport à l’argent, aux autres. C’est bien connu : l’herbe est toujours plus verte ailleurs. C’est comme si on suivait un monstre. 

Est-ce que vous l’aimez, ce monstre ?

Je l’adore. C’est très jouissif de jouer un con, sa folie, ses excès. Il va déstabiliser le public.

Est-ce qu’il y a un peu de vous dans ce personnage ?

Oui. Dans deux sketches, c’est moi. Notamment celui qui traite de la mal bouffe. J’ai un amour pour les produits sucrés. J’aimerais aussi devenir végétarien mais mon cerveau me dicte le contraire.

Infos pratiques

Vendredi 1er mars à 20h30 à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu.