Une partition pour deux couples

Anne Villacèque et Karin Viard sont venues présenter à Rouen et à Fécamp Week-ends, un film soutenu par le Pôle Image Haute-Normandie, à la fois plein de douceur et de tension, sur l’histoire des couples.

 

affiche-week-endsAnne Villacèque n’impose pas, ne se lance pas dans des démonstrations trop voyantes. C’est ce qui fait tout le charme de Week-ends, tourné à Bénouville. Dans ce troisième long-métrage, elle filme en miroir deux couples, Christine et Jean, Sylvette et Ulrich. A priori, tout va bien pour ces personnes qui abordent la cinquantaine avec le sourire. A priori seulement puisque Jean décide de quitter Christine. Tous les repères de ces quatre personnages qui ont l’habitude de se retrouver dans leur maison de campagne le week-end sont chamboulés.

« 50 ans est un âge fragile où les questions se posent différemment. Le couple est alors une caisse de résonnance. Qu’est-ce qu’on attend de l’autre ? Pourquoi est-ce difficile de dire ce que l’on pense. Ce sont des couples qui ont du mal à se dire les choses fondamentales ».

De ces week-ends en famille, entre amis, Anne Villacèque détecte les peurs qui peuvent « être une force mais aussi quelque chose qui vous enferme, qui vous empêche de bouger. Sylvette, le personnage de Noémie Lvovsky, a peur de faire un pas de côté. En revanche, Christine, celui de Karin Viard, bouge dans tous les sens ». Tout au long du film, Anne Villacèque garde une grande part de mystère sur la personnalité de ses héros et s’interroge sur le bonheur.

 

 

Karin Viard : « Elle est assez folle »

Karin Viard joue Christine, cette femme délaissée et excessive qui ne veut pas accepter le départ de Jean.

Christine : « J’aime beaucoup ce personnage qui serait le mélange de plusieurs femmes. Elle est attachante et assez folle parce qu’elle est dans l’excès. Elle a toujours essayé d’être parfaite, d’être une bonne mère, la femme de son mari. Un jour, on lui retire ce bonheur. Pour elle, ce n’est pas possible. Elle dit : il n’a pas le droit. On n’a pas le droit de briser un bonheur. Elle ne parle jamais d’amour et ne se remet pas en cause. Elle va donc mettre beaucoup d’énergie pour récupérer ce bonheur. Elle a une force vitale. Elle tient, elle résiste à l’humiliation. Elle est hyper névrosée. J’adore jouer ce genre de personnage.  ».

Le scénario : « La problématique du film m’a intéressé. Le temps qui passe nous concerne tous. Le scénario est fabuleusement bien écrit. C’est pertinent, drôle, cruel, intelligent et lucide. On voit bien les individus avec leurs failles ».

Le temps qui passe : « Je vis dans le présent. C’est la meilleure façon de toucher le bonheur. Ce n’est pas si facile mais cela apporte de grande satisfaction ».

 

En Normandie

Anne Villacèque a tourné Week-ends à Bénouville, non loin d’Etretat. « C’est un endroit que j’ai appris à connaître. J’ai été nourrie par la littérature du XIXe siècle avec Maupassant, Proust ». De la Normandie, la réalisatrice apprécie ces lieux où « on ne voit pas la mer mais on sait qu’elle est là. On ne sait pas non plus comment y arriver. C’est inouï ». Anne Villacèque a capté de magnifiques images de la région : des paysages de neige, des matins et les soirs brumeux, des après-midis lumineux.

Avec ce film, Karin Viard « retrouve sa Normandie natale. J’aime beaucoup cette région avec ses paysages nostalgiques. C’est la mer et la campagne. Il n’y a pas l’évidence de la Bretagne. Les pommiers en fleurs, c’est un ravissement ».

Pour Nicolas Mayer-Rossignol, président du Conseil régional de Haute-Normandie, « le cinéma est un élément rayonnant de notre région. Avec ce film, nous avons des ambassadeurs formidables ».