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Pierre-André Weitz : « On rit alors on se pose les bonnes questions »

photo Frédéric Stéphan
photo Frédéric Stéphan

C’est une partition qui était tombée aux oubliettes. Le Palazzetto Bru Zane a confié au chef Christophe Grapperon et au metteur en scène Pierre-André Weitz Mam’zelle Nitouche d’Hervé, le père de l’opérette. Créé en 1883, cette œuvre raconte l’histoire d’une jeune femme, fausse innocente, qui passe du couvent à la scène et tombe amoureuse d’un homme, heureusement, choisi par ses parents. Dans Mam’zelle Nitouche, les personnages ont tous une double vie. Ce qui crée des situations cocasses. Pierre-André Weitz donne une version débridée de l’opérette d’Hervé. Entretien avec le metteur en scène

Mam’zelle Nitouche a été composé à une époque où le vaudeville était à la mode. Comment avez-vous appréhendé ce genre ?

C’est très facile parce que le vaudeville est toujours à la mode. Il faut tout d’abord se demander ce que veut dire être à la mode. Pour moi, cela signifie être de son temps. Il suffit alors de jouer dans notre époque. D’ailleurs Mam’zelle Nitouche évoque des sujets très contemporains.

Lesquels ?

En fait, les problèmes n’ont pas changé. Mam’zelle Nitouche parle de mariage arrangé. En 2018, en France, plus de 30 000 femmes auront subi un mariage arrangé. Hervé écrit cette pièce après la promulgation d’une loi autorisant les femmes à demander le divorce. Il essaie de dire là que les femmes ont désormais le choix mais l’ont-elles vraiment dans la vie ? Au-delà de ça, Mam’zelle Nitouche raconte l’histoire d’une jeune femme qui doit se marier avec un homme choisi par sa famille. Elle va découvrir l’amour en même temps que la transcendance. Hervé qui avait une double vie nous interroge sur l’être et le paraître, sur le genre. Ces sujets ne sont-ils pas d’actualité ?

photo Frédéric Stéphan

Quel est le génie d’Hervé ?

Il réussit à traiter de sujets sérieux avec beaucoup d’humour. On rit alors on se pose les bonnes questions. Mam’zelle Nitouche est avant tout une comédie. J’ai voulu un spectacle festif. Quand nous avons présenté Les Chevaliers de la Table ronde d’Hervé à La Fenice à Venise. Le directeur m’a dit : je comprends enfin ce qu’est l’esprit français. Nous avons en effet une façon de rire et un comique particulier, issus de Molière. Tout cela s’est prolongé avec Feydeau, Courteline, Labiche. Dans Mam’zelle Nitouche, j’ai voulu jongler avec les clichés de France. Hervé composait la musique pour des créations proches des grandes revues. Il y a donc beaucoup de changements de costumes, de décors. La troupe chante, danse, joue pendant tout le spectacle. Les comédiens changent de rôle très souvent. Une bonne sœur peut devenir un soldat…

Vous aussi, vous tenez plusieurs rôles. Vous avez mis en scène, créé la scénographie, les costumes, le maquillage et vous jouez un clown.

J’accueille aussi le public. J’aime beaucoup cet esprit de troupe dans laquelle tout le monde fait tout. Comme Hervé. C’est important d’avoir une idée totale de l’œuvre. Comme d’être sur scène. Cela me permet d’insuffler un rythme. Il faut jouer Mam’zelle Nitouche tambour battant avec une grande générosité. Il faut aussi que le rire soit premier, primaire et la joie, communicative.

Pourtant, les personnages de Mam’zelle Nitouche sont très complexes. 

Oui parce que nous sommes dans l’être et le paraître. Comme je vous le disais. Cette complexité se lit sur le costume. Il y a des personnages mi-homme, mi-femme, mi-sainte, mi-danseuse légère. Le clown que j’interprète est mi-jour, mi-nuit. Pour faire comprendre cette dualité, il y a surtout la façon de jouer, dans les ruptures dans la voix. On renoue là avec les grands acteurs de boulevard et les grandes meneuses de revue, ces personnages que l’on ne voit plus aujourd’hui.

Est-ce que vous aussi vous vous amusez beaucoup sur scène ?

Oui nous nous amusons beaucoup mais nous restons également sérieux. Mam’zelle Nitouche, c’est une mécanique, un rythme endiablé. Nous suons sang et eau sur scène. Avant de commencer le spectacle, je dis toujours à la troupe : nous sommes tous des locomotives. Il n’y a pas de wagon.

 

 

Infos pratiques

  • Vendredi 30 novembre à 20 heures, samedi 1er décembre à 18 heures, dimanche 2 décembre à 16 heures au Théâtre des Arts à Rouen. 
  • Tarifs : de 46 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. 
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr

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