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Pierre Notte : « Je suis un spectateur docile »

Il est auteur, metteur en scène, compositeur. Pierre Notte est bien évidemment spectateur. Depuis ses premiers au théâtre, il s’interroge sans cesse sur la relation entre la scène et la salle, entre les artistes et le public. Des questions qui l’ont amené à écrire plusieurs textes et un seul en scène. Pierre Notte, comédien, joue L’Effort d’être spectateur du 20 au 24 février en divers lieux dans l’agglomération dieppoise avec la scène nationale. Le voilà un conférencier racontant ses souvenirs, ses expériences, bonnes ou pas, ses aspirations. Entretien.

Aviez-vous une envie particulière d’être seul sur scène ?

Non, pas du tout et surtout pas. C’est une horreur d’être tout seul sur scène. J’avais envie d’assumer ma parole, ma pensée, un point de vue et d’aller éprouver ce que j’essaie de défendre. C’était alors totalement logique que je sois seul sur scène.

Comment a évolué votre point de vue sur la relation entre une scène et une salle ?

Il évolue sans cesse, selon les spectacles, les saisons, les propositions… Ou peut-être qu’il n’évolue pas du tout, que je souhaite retrouver à chaque fois cette émotion première qui m’a bouleversé. Au fil de ces trente années, les esthétiques se sont enrichies, multipliées, confrontées. Cette richesse est partout tout le temps. On peut être influencé par les modes, par tout ce qui se crée mais il est essentiel de préserver son honnêteté, son intégrité et ce sentiment éprouvé pendant l’atelier théâtre en classe de seconde qui a fait ce que je suis aujourd’hui. 

Pouvez-vous décrire ce sentiment ?

J’avais 16 ans en 1986, des professeurs exceptionnels qui m’ont emmené voir des projets très différents. Je pense que je ne comprenais pas ce que je voyais mais j’étais imprégné de ce que je voyais. Ces spectacles ont laissé sur moi une marque indélébile. La force qui se dégageait des comédiens m’a bouleversé. Je l’ai retrouvée très souvent. Il y avait une vie brûlante sur le plateau qui me faisait tenir vivant. Plus tard, j’ai découvert des écritures comme celles de Lagarce, de Minyana…

Tout cela vous a donné des outils pour écrire ?

Oui, c’est la richesse des propositions. C’est le propre et la force de toutes les cultures. Chacune est un outil, une porte qui s’ouvre, des chemins à prendre. Ce sont des endroits d’où on peut s’échapper pour aller vers d’autres univers, vers des ailleurs. Cela me dit que ce n’est pas la peine de mourir tout de suite, il faut continuer, user de cette liberté qui est donnée.

Est-ce que vous êtes un auteur ou un metteur en scène ou un spectateur ou les trois à la fois ?

Je ne sais pas faire la part des choses. Je suis plutôt un auteur qui défend un point de vue et essaie de le mettre à l’épreuve de ce que je défends.

Quel spectateur êtes-vous ?

Je suis un spectateur docile, totalement éteint et concentré. Je ne suis pas du tout actif. Il m’arrive même d’être complètement à l’écart si je n’aime pas ce que je vois.

Dans ce spectacle, vous êtes un conférencier. Pourquoi un tel personnage ?

Je suis moi avant tout. Avec mon nom, ma personnalité narcissique, égocentrique. Je suis un conférencier qui donne son avis, défend une idée : la seule chose qui nous unit, c’est la relation qui se met en place, ou pas, entre nous. J’essaie de la reproduire. Je m’interroge. Je donne des impressions, des intuitions et j’illustre.

Comment vous sentez-vous sur scène ?

C’est curieux. Avant de monter sur scène, c’est vraiment terrible. C’est une exposition totale. Je suis terrorisé et je déteste ça. Si je parviens au bout de ma logique, donc à instaurer une relation entre le public et moi, c’est un vrai bonheur, un moment unique et merveilleux.

Infos pratiques

  • Mercredi 20 février à 20 heures au musée de l’Horlogerie à Saint-Nicolas-d’Aliermont
  • Jeudi 21 février à 20 heures au Pollet à Dieppe
  • Vendredi 22 février à 20 heures à la Maison de l’avocat à Dieppe
  • Samedi 23 février à 20 heures au Pollet à Dieppe
  • Dimanche 24 février à 18 heures au musée d’Histoire de la vie quotidienne à Saint-Martin-en-Campagne
  • Tarif : 5 €.
  • Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr