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Pierre Rigal au Rive gauche : « La fugue m’évoque la fuite »

Karine Dahouindji, Alizée Duvernois, Marion Jousseaume, Damien Sengulen et Anaïs Vignon sont les cinq talents ADAMI Danse 2018. L’Association, partenaire des interprètes, leur a proposés de travailler avec Béatrice Massin, la spécialiste de la danse baroque, et Pierre Rigal, artiste pluriel. Tous deux, issus d’univers complètement différents, ont écrit une chorégraphie, Fuguez maintenant pour l’une, Fugue pour l’autre, à partir du thème de La Fugue des compositeurs du XVIIe siècle. Entretien avec Pierre Rigal.

Comment vous êtes-vous laissé inspirer par ce thème de La Fugue ?

Au départ, je ne savais pas trop comment m’y prendre. En fait, j’ai réfléchi de manière littérale. Je ne voulais pas partir de la musique. 

Pourquoi ?

Ce n’est pas un thème que je connais bien. Mais j’aime beaucoup découvrir les choses. Cette soirée est particulière parce qu’elle réunit deux chorégraphes et deux esthétiques. Béatrice Massin est la spécialiste de cette musique. Elle sait l’appréhender chorégraphiquement et musicalement. Je me devais d’aller ailleurs, d’être dans le contraste, de créer en pensant à une autre pièce que l’on n’écrit pas soi-même. 

Que vous évoque le thème de la fugue ? 

La fugue m’évoque la fuite, l’absence, la désolidarisation d’un groupe. Dans cette création, il y a toujours un membre qui s’extrait du groupe des cinq. Ils sont certes tous là, apprennent à se connaître, échangent, instaurent des langages, se déplacent mais chacun se demande s’il est intéressant de partir ou de rester dans ce groupe. Ils tentent de créer une langue commune, de s’intégrer à une société. En est-il dépendant ou indépendant ? Est-ce qu’il la subit ou la refuse ? On est entre le réel et la fiction, entre le vrai et le faux

Avez-vous beaucoup échangé avec Béatrice Massin pendant le processus de création ?

Oui, nous avons beaucoup échangé avant et pendant l’audition. Après ce moment, plutôt peu. Nous avons eu un exercice particulier : choisir 5 danseurs. Pendant deux jours nous avons dû comprendre mutuellement nos attentes, nous accorder sur 5 personnes pour deux esthétiques différentes.

Comment s’est déroulé le travail avec les 5 jeunes danseurs ?

Ce fut très intéressant. Cela m’a beaucoup plu. C’est une manière de rencontrer de jeunes interprètes. Il y a longtemps que je n’avais pas travaillé avec un groupe homogène de danseurs contemporains qui avaient une technique commune. D’habitude, je travaille avec des groupes d’une grande hétérogénéité. C’est comme cela dans le hip-hop. La danse est une matière vivante, humaine. Pendant les moments de créations, il faut être en alerte, à l’affut des idées, même les plus absurdes.

  • Vendredi 16 novembre à 20h30 au Rive gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Tarifs : de 15 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 91 94 94.