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Poni Hoax au Tetris : « une chanson est un accident »

photo Agnès Dherbeys

Ils devaient venir en juin dernier… Les cinq musiciens de Poni Hoax joueront vendredi 22 septembre au Tetris au Havre. Souvent considérés comme « les enfants terribles du rock français », ils terminent cette tournée avec leur quatrième album Tropical Suite. Un album imaginé entre l’Afrique du Sud, le Brésil et la Thaïlande qui se trouve loin de l’image idéale et fantasmée des tropiques. Entretien avec Laurent Bardainne, cofondateur de Poni Hoax avec Nicolas Ker.

Vous venez du free-jazz. Est-ce que vous allez chercher l’énergie de cette musique pour la composition des titres de Poni Hoax ?

Je pense que l’on subit plus que l’on ne contrôle. Cette énergie est complètement instinctive. Comme une colère. Comme un cri. Ça, c’est pour la scène. C’est différent pour la composition, l’écriture prend du temps. Ce que l’on a envie de faire dégager d’un morceau demande du temps. C’est un vrai labeur. Il faut faire des essais, accepter des pertes, être humble, avoir beaucoup de doutes… Tout cela, c’est de la réflexion sur notamment comment amener la musique à notre époque.

Pourquoi est-ce important de s’inscrire dans une époque ?

La musique existe toujours au moment où nous la jouons. Et ce n’est pas facile. Nous pouvons être tentés de copier nos maîtres. C’est difficile de s’émanciper de ses influences. Nous avons tous en tête des sons de batterie, de synthétiseur ou de guitare en tête… On fait des allers et retours entre tout. En fait, la composition, c’est un vrai bordel. Mais après, il faut ranger sa chambre. Et tout cela prend du temps.

Est-ce que le choix de l’instrumentation est aussi délicat ?

Aujourd’hui, avec les machines, c’est plus facile de se donner une idée d’un morceau ou pour trouver une idée. Je travaille beaucoup sur les machines pour jeter une première idée. En revanche, pour Ravel, ce devait être compliqué. Il devait tout entendre dans sa tête.

Les cuivres tiennent une place singulière dans les albums de Poni Hoax. Pourquoi ?

À l’origine, je suis saxophoniste. On essaie de ne pas en mettre trop parce que nous sommes un groupe de rock. Il y a aussi pas mal de percussions. Dans Poni Hoax, il y a des musiciens qui sont passés par le conservatoire. Deux d’entre nous ont suivi des études classiques. Nous avons donc une culture des arrangements instrumentaux assez vaste.

Est-ce un atout ?

Ce peut être un atout mais ce peut être aussi un inconvénient parce que l’on peut perd une certaine fraicheur. Venir d’un univers académique ne fait pas forcément gagner du temps. Comme faire une fausse note n’est pas toujours une erreur. Elle peut être une vraie note.

Est-ce qu’une chanson est un accident ?

Oui, une chanson est un accident. C’est un accident parce que la personne qui l’a écrite en a écrit cinquante pendant deux mois. Et, un soir, elle était inspirée et a pu composer la bonne chanson. C’est très agréable de travailler même à partir de la page blanche. Mais ce n’est pas toujours évident. Le top, c’est de trouver la bonne mélodie. C’est la colonne vertébrale de toute chanson.

  • Première partie : Karoline Rose
  • Vendredi 22 septembre à 20h30 au Tetris au Havre. Tarifs de 18 à 8 €. Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur http://letetris.fr